Activation du plan blanc en Corse : "Douloureux pour les patients et les soignants"

ML (avec AFP)
Publié le 4 août 2021 à 9h37, mis à jour le 4 août 2021 à 12h40

Source : JT 20h Semaine

SATURATION - Les hôpitaux corses sont dépassés par une vague d'admissions liées au Covid-19. Tandis que l'île enregistre le deuxième taux d'incidence le plus fort du pays, un plan blanc a été déclenché ce mardi pour libérer des capacités hospitalières.

Face à des hôpitaux bientôt saturés, le système hospitalier se mobilise : l'agence régionale de santé de Corse a activé mardi 3 août le "plan blanc régional", dans le but d'ouvrir "de nouvelles capacités d'hospitalisation" à Bastia, a-t-elle indiqué dans un communiqué. Avec un taux d'incidence de 650 cas pour 100.000 habitants, la région se hisse à la seconde place des zones les plus éprouvées par l'épidémie, derrière la Martinique. 

Cette flambée des contaminations entraîne "une nette augmentation des hospitalisations dans les services d'hospitalisation conventionnelle et soins critiques du centre hospitalier de Bastia", précise l'agence de santé. Dans cet hôpital, le taux d'occupation "dépasse 79%". En réponse, le plan blanc est déclenché "pour une durée minimale de quatre semaines"

Ce plan vise à déprogrammer certaines opérations pour libérer des capacités, exception faite des urgences, de la cancérologie et des opérations "de tout patient dont le report de prise en charge induirait une perte de chance", indique le communiqué. Le dispositif permet aussi de rappeler des soignants en congés et d'ouvrir des filières supplémentaires. 

Le nombre d'hospitalisations a grimpé de 30% en trois jours

"Une attention particulière doit être portée aux besoins de prise en charge en santé mentale de la population, notamment les publics mineurs avec handicap psychique, ainsi que sur les activités de dépistages et diagnostiques", ajoute l'ARS qui procédera à un "réexamen régulier de la situation".

C'est en Haute-Corse que la situation se détériore le plus vite, avec un taux de 830, notamment à cause de la propagation très rapide du variant Delta.  Une progression fulgurante, quand il y a encore un mois, le taux d'incidence de la région ne dépassait pas le seuil d'alerte, avec 40 cas pour 100.000 habitants au 3 juillet.

Parallèlement, le nombre d'hospitalisations a augmenté de 30% en trois jours sur l'île de beauté, avec 21 admissions de plus, selon le dernier bulletin d'information de l'agence publié le 2 août. En tout, 69 patients contaminés au Covid-19 sont actuellement hospitalisées dans les centres hospitaliers corses, dont 14 personnes en réanimation et soins intensifs. 

"Nous arrivons actuellement à un état de quasi-épuisement des professionnels de santé"

Si l'urgence s'impose, cette adaptation des capacités hospitalières sera difficile à mettre en place par les soignants. "Cela va être une contrainte supplémentaire pour toutes les pathologies hors covid, puisque nous sommes en pleine saison estivale, avec un afflux massif de touristes et tout ce que cela implique au niveau accidentologie, et toutes les autres urgences", estime le médecin généraliste François Agostini, Président de la Confédération des Syndicats Médicaux Français (CSMF) de Corse, à l’antenne de LCI (vidéo ci-dessous). 

Corse : le plan blanc déclenché en raison d'un taux d'incidence "extrêmement préoccupant"Source : TF1 Info

"Ça va être un problème encore une fois douloureux pour les soignants et évidemment surtout pour les patients", estime-t-il. Avant de déplorer : "Malheureusement, nous arrivons actuellement à un état de quasi-épuisement des professionnels de santé. C’est ce qui nous préoccupe aussi."

Pour autant, "nous sommes tous mobilisés", assure le docteur, y compris les soignants en cliniques privées et en libéral. "Nous réfléchissons d’ailleurs à pouvoir prendre en charge les patients hors de l’hôpital lorsqu’il n’y a pas nécessité absolue à ce qu’ils soient hospitalisés" par renforcement des dispositifs d’oxygène à domicile notamment, a-t-il ajouté. 

Sur Ajaccio plus précisément, "une bascule des établissements publics vers les établissements privés pour les patients non-Covid, libérant ainsi de la place pour les patients Covid" est prévue, détaille Dr Jean Caranelli, président du conseil départemental de l’ordre des médecins en Corse-du-Sud, dans le reportage en en-tête. 

Fréquentation accrue et "relâchement important"

Des mesures restrictives ont été mises en place dès la mi-juillet en Haute-Corse et fin juillet en Corse-du-Sud pour lutter contre la recrudescence de l'épidémie de Covid-19 avec notamment le retour du masque obligatoire dans les principales villes et l'interdiction de rassemblement de plus de dix personnes dans les espaces naturels après 21 heures. Mais elles ne sont pas parvenues à endiguer la vague épidémique, dopée par une baisse de la vaccination fin juin, "un relâchement important" lié au beau temps ainsi que la forte fréquentation qui accélère la propagation du virus, selon le docteur François Agostini.

Et ce malgré le contrôle du pass sanitaire dans les aéroports et les ports qui devrait réguler ces contaminations parmi les voyageurs : "Il y a sûrement des trous dans la raquette qui ont permis au variant de pénétrer le territoire", estime François Agostini.

Au total, 234 personnes sont mortes sur l'île de 340.000 habitants depuis le début de l'épidémie. Parallèlement, la vaccination se poursuit : près d'un habitant sur deux a un schéma vaccinal complet, tandis que près de 61% de la population a déjà reçu une première dose de vaccin, selon le dernier bulletin de l'ARS.


ML (avec AFP)

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