L'infectiologue Karine Lacombe monte au créneau pour dénoncer le cyberharcèlement

RÉSEAUX SOCIAUX - Régulièrement invitée dans les médias dans le cadre de l'épidémie, l'infectiologue Karine Lacombe subit depuis des mois des attaques en ligne. Un cyberharcèlement qu'elle dénonce aujourd'hui avec plusieurs consœurs.
Pour aider les citoyens à mieux appréhender l'épidémie et à analyser l'évolution de la situation sanitaire, des médecins se relaient dans les médias depuis le mois de mars. Des spécialistes dont fait partie l'infectiologue Karine Lacombe, devenue une figure bien connue de celles et ceux qui cherchent à s'informer sur le Covid-19.
Une exposition médiatique qui n'a pas que de bons côtés : en effet, elle s'est pour elle accompagnée de messages haineux et injurieux, relayés en masse sur les réseaux sociaux. Des attaques que dénonce Karine Lacombe et des consœurs suisses, elles-aussi visées et affectées par ces outrages.
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Aux côtés de la pharmacologue suisse Caroline Samer et de sa compatriote infectiologue Alexandra Calmy, Karine Lacombe a cosigné une tribune pour dénoncer le cyberharcèlement dans la revue scientifique The Lancet. Les trois femmes affirment avoir été "victimes à divers degrés de menaces en tout genre, dont des déclarations diffamatoires, harcèlement et attaques misogynes".
Les faits rapportés étaient "toujours en lien avec des interventions dans les médias", rapportent-elles, lorsqu'elles tentaient "d'expliquer de manière rationnelle l'état des connaissances sur l'efficacité et la sécurité de l'hydroxychloroquine dans le traitement et la prévention du Covid-19". "À titre personnel, depuis le début, et parce que j’ai été présente assez tôt sur la scène médiatique, je fais face à un déchaînement de commentaires sexistes, humiliants et très injurieux", a expliqué Karine Lacombe à Libération. "Les propos scientifiques que je tiens dans les médias ne sont pas directement mis en cause. Je suis dénigrée sur ma personne, mon physique, la manière dont je m’habille, ce que je représente en tant que femme..."
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L'infectiologue partage quelques-uns des messages reçus, empreints d'une rare violence. "Sur les réseaux sociaux, on reçoit aussi des insultes type « grosse connasse », « grosse salope » provenant de gens totalement inconnus. Personnellement, ce qui m’a profondément choquée est venu d’un collègue de Marseille qui m’a appelée 'La dinde de l’infectiologie' sur Twitter", relate-t-elle. "Jamais il ne se serait permis cela avec un confrère. Cette histoire de dinde a ensuite été reprise ad nauseam par des utilisateurs, qui se sont sentis libres de reprendre l’expression puisqu’elle avait été validée par une autorité scientifique."
Dans leur tribune, les trois spécialistes soulignent qu'il est plus difficile pour les femmes de prendre la parole dans les médias : celles-ci se voient en effet plus souvent dénigrées que leurs collègues masculins. "Dès la mi-mars, certaines de mes collègues ont refusé de s’exposer dans les médias parce qu’elles voyaient bien que je me faisais violemment attaquer. Elles ne voulaient pas être prises là-dedans. C’est la première fois de ma carrière que je rencontre ce phénomène d’autocensure", assure Karine Lacombe.
Courant décembre, le ministre de la Justice avait annoncé vouloir renforcer l'arsenal législatif afin de lutter contre la haine en ligne. Il s'agira de permettre que des gens qui "diffusent impunément la haine sur les réseaux sociaux" soient "immédiatement interpellés et jugés en comparution immédiate".
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