Dans l'Oise, le maire réexpédie les déchets abandonnés illégalement à leur propriétaire

Publié le 4 septembre 2015 à 16h09
Dans l'Oise, le maire réexpédie les déchets abandonnés illégalement à leur propriétaire

ARROSEUR ARROSÉ – Christophe Dietrich, le maire de Laigneville, a pris l'habitude depuis l'automne dernier de renvoyer les déchets déposés illégalement sur le territoire de la commune à leur propriétaire. Une mesure expéditive qui fait débat.

Laigneville, dans l’Oise. Son église du 12e siècle, ses 4.200 habitants et... son maire divers-droite à la méthode très particulière concernant la gestion des dépôts sauvages de déchets. Christophe Dietrich pratique en effet la méthode dite du retour à l’envoyeur. En clair : lorsqu’il trouve des déchets jetés illégalement sur le territoire de sa commune, il fait mener l'enquête, puis... rapporte les déchets à leur propriétaire, en les déposant sur le paillasson ou dans leur jardin.

Une méthode expéditive...

C'est en novembre dernier que l’édile, ancien policier, a décidé la mise en place de cette mesure pour lutter contre le fléau des dépôts sauvages, de la "délinquance écologique" assure-t-il à metronews. Lors de la première intervention, quatre camions et un tracteur ont évacué 10 tonnes de gravats abandonnés dans un champ : des morceaux de carrelages similaires à ceux d'une maison en rénovation qui ont permis de retrouver ses propriétaires.

Dix mois plus tard, la mesure a fait ses preuves, assure le maire : "grâce à cette méthode que nous avons employée depuis le mois de novembre [...] on a 90 % de déchets en moins sur la commune", se félicitait-il dans un reportage diffusé lundi sur France 2 .

... qui flirte avec la légalité

Si la légalité de la technique du "retour à l’envoyeur" fait débat, le maire est, lui, droit dans ses bottes : "Je me sers du flou juridique qui existe, se justifie-t-il auprès de Ouest-France, qui consacre lui aussi un article à sa méthode. Mais qui est le plus dans l’illégalité ? Je ne fais que ramener un bien à son propriétaire. Jusqu’à maintenant, personne n’a porté plainte". La méthode est assumée jusque sur le site internet de la mairie , qui fait une revue de presse des articles consacré à ce sujet. Et si plainte il devait y avoir, le maire est prêt à l'assumer, martèle-t-il à metronews.

La mesure a pourtant ses limites, comme le montre d’ailleurs le reportage de France 2 (vidéo ci-dessous), et le maire sait "qu’elle peut paraître discutable pour certains”. Ainsi, lors d’une opération "retour à l’envoyeur", le maire et son équipe ont déposé des déchets récoltés devant le portail d'une maison avant qu'un quiproquo sur l'identité des locataires ne les force à remballer les déchets... et à les y redéposer quelques heures plus tard. "Je ne force pas le destin. Je n'agis que si je suis sûr, explique celui qui ne veut pas passer pour un extrémiste. Je ne prends aucun plaisir à en arriver là, c'est même désolant. Mais c'est une façon d'éveiller les consciences".


La rédaction de TF1info

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