Paris : les intermittents quittent le théâtre de l'Odéon pour occuper un autre lieu culturel

Publié le 23 mai 2021 à 10h00, mis à jour le 23 mai 2021 à 14h02
Des intermittents du spectacle occupent le théâtre de l'Odéon, à Paris, le 5 mars 2021.
Des intermittents du spectacle occupent le théâtre de l'Odéon, à Paris, le 5 mars 2021. - Source : BERTRAND GUAY / AFP

MIGRATION - La quarantaine d'intermittents qui occupait le théâtre de l'Odéon, à Paris, depuis début mars a quitté les lieux ce dimanche matin et a pris ses quartiers dans la salle parisienne du 104, qui est également un centre de vaccination.

Des banderoles qui masquaient la façade du théâtre de l'Odéon, il ne reste plus qu'un morceau de tissu indiquant "À bientôt". Les intermittents du spectacle ont quitté d'eux-mêmes, ce dimanche matin à 6h, le célèbre théâtre parisien qu'ils occupaient depuis le 4 mars. Soutenus par la CGT, les intermittents du spectacle et précaires étaient sur les lieux, à l'Odéon, 24h sur 24, pour réclamer une deuxième année blanche en raison de la crise sanitaire et le retrait de la réforme de l'assurance chômage qui entre en vigueur en juillet. Ils ont migré peu de temps après vers la salle parisienne du 104, qui est également un centre de vaccination.

"Nous voulons trouver le moyen de faire une occupation, avec nos assemblées générales, sans empêcher les spectacles au 104, ni les vaccinations, puisque c'est un centre de vaccination. Nous sommes en train de rencontrer la direction, on va s'organiser", a indiqué à l'AFP Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT Spectacle. La direction du 104 n'a pu être jointe. 

Nous, on voulait qu'il ait lieu avec une occupation qui nous permette de parler, qui nous permette d'afficher des banderoles mais on ne veut pas empêcher le spectacle.
Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT Spectacle

"Rester à l'Odéon" était "devenu un problème d'affrontement avec la direction", avait exposé plus tôt dans la matinée ce responsable syndical, qui précisait alors déjà que l'idée était de "poursuivre ailleurs, pour continuer à batailler le plus longtemps possible".

Ce mouvement d'occupation avait empêché, selon le théâtre de l'Odéon, la réouverture de ce théâtre au public prévue le 19 mai avec les représentations de 'La Ménagerie de verre', chef-d'œuvre de Tennessee Williams, mise en scène par Ivo van Hove, avec Isabelle Huppert en tête d'affiche. "La décision du directeur de ne pas donner les représentations de 'La Ménagerie de verre' depuis le mercredi 19 mai, ce n'est pas tenable pour nous, car on veut que ce spectacle ait lieu", avait commenté Denis Gravouil. "Nous, on voulait qu'il ait lieu avec une occupation qui nous permette de parler, qui nous permette d'afficher des banderoles mais on ne veut pas empêcher le spectacle. Donc on va permettre aux spectacles de reprendre", avait-il poursuivi auprès de l'AFP.

Le moment est venu d'arrêter les blocages, de permettre au public de revenir en sécurité dans les salles, de laisser artistes et techniciens travailler.
Roselyne Bachelot sur Twitter jeudi 20 mai 2021

Denis Gravouil se montre par ailleurs sceptique sur la réouverture culturelle par étapes depuis le 19 mai : "C'est un leurre, il y a un tiers, un quart, un dixième des gens qui travaillent (...) certains festivals sont annulés ou sont en demi-jauge ; les théâtres privés ont reporté. Donc, déjà, la réouverture ce n'est pas suffisant, elle est partielle".

Ce mouvement d'occupation des théâtres était condamné par la ministre de la Culture Roselyne Bachelot. La responsable politique avait twitté jeudi: "Le moment est venu d'arrêter les blocages, de permettre au public de revenir en sécurité dans les salles, de laisser artistes et techniciens travailler".

Spécificité française, le régime des intermittents concerne 120.000 artistes et techniciens indemnisés chaque année avec comme condition d'avoir travaillé 507 heures sur 12 mois. Emmanuel Macron leur a accordé une année blanche qui expire en août et qui a été récemment prolongée de quatre mois. Une façon de "protéger les intermittents en maintenant leur niveau d'indemnisation, le temps que toutes les activités aient retrouvé un niveau normal", a indiqué la ministre du Travail, Elisabeth Borne. Cette prolongation jusqu'en décembre sera suivie en 2022 de mesures d'aides pour accompagner la reprise d'activité des professionnels du spectacle vivant.


La rédaction de TF1info

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