Des identitaires occupent un futur centre d'insertion pour Roms près de Lyon

Publié le 24 octobre 2015 à 12h44
Des identitaires occupent un futur centre d'insertion pour Roms près de Lyon

PERCHÉS - Une trentaine d'identitaires ont occupé le toit d'un futur centre d'insertion pour Roms, refusant de céder à "l'immigration massive". Une xénophobie affichée sans gêne.

Il est 8h30 ce samedi 24 octobre, quand des activistes de Génération identitaire, le "mouvement de jeunesse" du groupe d'extrême droite Bloc identitaire, investissent le toit d'un bâtiment censé accueillir prochainement un centre d'insertion pour Roms. Ce bâtiment est situé dans la petite ville de Saint-Genis-les-Ollières, à l'ouest de Lyon. Les identitaires sont une trentaine, et ils ont déployé une banderole sur laquelle on peut lire ce message : "Saint-Genis ne sera pas Calais". Référence à la jungle de Calais, qui "accueille" des migrants et réfugiés politiques. En plus de cette banderole, les activistes ont brûlé sur place deux véhicules.

En attendant la décision de la préfecture pour savoir si ces personnes vont être délogées par les forces de l'ordre ou non, les principales voies d'accès ont été bouclées. Le site faisant dix hectares, difficile de contrôler tout le monde. Ainsi a-t-on vu des habitants venir apporter aux identitaires de l'eau ou des baguettes. Sur Twitter, les activistes se félicitent de la réussite de leur action, bien relayée par les membres du FN.

Une décision imposée par la préfecture

Didier Cretenet, maire de cette commune, s'est rendu sur place ce samedi. A metronews, il a expliqué que ce projet était le fruit d'une "décision imposée par le préfet, sans aucune concertation." Et d'ajouter : "On se doutait qu'il y aurait une action de ce type-là. On avait prévenu le préfet et le ministère de l'Intérieur. On n'est pas surpris de cette action aujourd'hui et on espère que cela n'ira pas plus loin."

Damien Rieu, porte-parole de Génération identitaire, s'est ainsi justifié auprès de l'AFP : "Le maire Didier Cretenet (DVD) s'est opposé au projet, les habitants sont opposés au projet mais la préfecture veut l'imposer. On demande l'abandon du projet, on restera le temps qu'il faudra". Et en effet, le 1er octobre dernier, lors d'un conseil municipal extraordinaire, les élus ont voté à l'unanimité une motion contre l'installation de ce centre. Un des habitants déclarait alors : "Il y a des serres de production juste à côté. J’ai bien peur qu’elles soient pillées", rapporte le journal Le Progrès .

Les jours suivants, le Front national a distribué des tracts dans les boites aux lettres pour dénoncer l'arrivée de ces personnes. Le maire a organisé une marche, accompagné par plusieurs élus locaux. Toujours auprès de metronews, Didier Cretenet a affirmé avoir stoppé la marche dès qu'il s'est rendu compte que des identitaires y participaient, en queue de peloton. De plus, il a demandé au FN d'arrêter de distribuer ses tracts anti-Roms dans les boîtes aux lettres de la ville.

Un accueil impossible ?

La commune de Saint-Genis-les-Ollières a été choisie pour accueillir un village d'insertion pour quelque 160 Roms, dans le cadre d'un projet coordonné par le préfet du Rhône Michel Delpuech. Afin d'apaiser les tensions, ce dernier souhaite créer deux ou trois villages d'insertion de Roms pour répartir ces 160 personnes dans la région, avec scolarisation sur place des enfants la première année et formation professionnelle et suivi emploi pour les adultes. Mais pour le moment, Didier Cretenet n'a "aucune certitude" quant à la création d'autres centres.

Alors, en attendant de trouver ces lieux, le programme commencera au mois de novembre uniquement à Saint-Genis-les-Ollières. Impossible selon le maire : "La ville ne possède qu'un seul scolaire et il est plein". Et de se hasarder au calcul suivant : en plus des quinze jeunes délinquants du centre établi en ville, des 85 demandeurs d'asile du centre d'hébergement d'urgence, les 160 Roms qui viendraient s'installer porterait "tout ce beau monde" à 5% de la population de sa commune de 4800 âmes.


La rédaction de TF1info

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