Disneyland : six mois sous bracelet électronique pour l'homme arrêté avec des armes

Publié le 2 février 2016 à 18h25
Disneyland : six mois sous bracelet électronique pour l'homme arrêté avec des armes

PROCÈS – L'homme âgé de 28 ans interpellé jeudi 28 janvier à l'hôtel New York de Disneyland Paris (Seine-et-Marne) avec deux armes de poing, des munitions et un Coran dans sa valise a été condamné ce mardi à six mois de prison ferme avec bracelet électronique au domicile de sa mère. Jugé en comparution immédiate, Brice Serge encourait pour ces faits jusqu'à 5 ans de prison et 75 000 euros d'amende.

Un "mythomane", polygame au "grand cœur" et "converti à l'islam". C'est ce que l'on retient du portrait de Brice Serge, dressé ce mardi par les magistrats du tribunal correctionnel de Meaux, où le jeune homme âgé de 28 ans était jugé en comparution immédiate.

Le prévenu avait été interpellé jeudi dernier vers 13 heures à l'Hôtel New York de Disneyland Paris (Seine-et-Marne) avec dans sa valise deux armes de poing chargées, une boîte de munitions, un Coran traduit en français, un passeport faisant mention de voyages en Algérie et en Turquie et deux billets en langues arabes.

Le tribunal l'a condamné à six mois de prison ferme avec bracelet électronique au domicile de sa mère. L'audience pour les intérêts civils aura lieu le 10 mai prochain.

"Se protéger" et "faire peur"

Brice Serge avait été placé en en détention provisoire samedi à l'issue de sa garde à vue. Depuis le box des accusés, le jeune homme pas très grand, cheveux châtains rasés sur les côtés avec une petite queue de cheval, les yeux marron et pull zippé de même couleur, a peiné à convaincre les juges.

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Pour justifier l'achat du premier pistolet en juin 2015, ce co-gérant d'une brasserie du 14e arrondissement de Paris a évoqué deux agressions successives et des coups qui lui ont été portés."Je voulais me protéger, faire peur" dit-il aux juges. Pour la deuxième arme, il déclare l'avoir achetée en décembre suite aux attentats de Paris. "Le 13 novembre, j'étais à la terrasse d'un café à République, on nous a empêchés de sortir. J'ai préféré avoir ça au boulot sans savoir pour autant comment j'aurais réagi si on avait eu un attentat dans notre café… J'ai pas réfléchi". Quant à celui qui les lui a vendues, il s'agit d'un" client qui fréquente la brasserie depuis deux ans" et qui les lui a proposées "au cours d'une partie de baby-foot" dans son établissement.

Pourquoi alors ces pistolets, qui, selon le prévenu, restaient pour l'un au café, pour l'autre à son domicile, se sont-ils retrouvés dans sa valise à Disney alors qu'il partait pour un week-end de deux jours avec sa maîtresse ? Brice Serge qui devait quitter la brasserie et Paris en mars a indiqué ne pas avoir trouvé d'endroit où les laisser et a préféré les garder avec lui en attendant de s'en débarrasser "je ne sais pas comment"...

Pourquoi, alors, ne pas avoir laissé ces armes dans la voiture pendant son séjour à l'hôtel New York ? "Un oubli", dit-il avant d'ajouter : "La veille, j'étais à l'hôtel Marriott dans le 14e arrondissement. Je n'ai eu aucun problème, ni à l'accueil, ni en montant dans ma chambre, explique-t-il. En voyant les portiques, je n'allais pas faire demi-tour." Me Xavier Autain, avocat de Disneyland Paris, relève toutefois que Brice Serge a tenté de faire diversion au moment du passage du portique, en demandant où était la réception. Sa maîtresse, quant à elle, ignorait apparemment la présence des deux pistolets dans son sac. Devant les agents, elle aurait ainsi crié : "Qu'est ce que tu fous avec ça ?!", avant de partir et d'être interpellée plus tard par la police.

De graves conséquences pour Disneyland

Père d'un petit garçon de trois ans qui vit avec sa maman à Orléans, Brice Serge était séparé depuis quelques temps. Depuis octobre, il sortait avec une de ses clientes... ainsi qu'avec une autre en parallèle. C'est cette dernière qui, selon lui, "a insisté" pour aller à Disney. Tous les amis du prévenu l'ont décrit comme un "mythomane", lui préfère dire qu'il "grossit un peu les choses".

S'il "grossit un peu les choses", il n'a sans doute pas mesuré, selon Me Autain, les conséquences de son geste pour le parc d'attractions. "Le 28 janvier, l'hôtel où se trouvaient des clients et qui accueillait un congrès de médecin urgentiste a dû être évacué… Les personnels ont eu peur, a-t-il rappelé. Alors que le nom de Disneyland doit être associé à la magie et la féerie, il va être désormais accolé à des choses extrêmement négatives. Vous avez créé la suspicion. Le 28, Disneyland a été associé au terrorisme, l'information a été médiatisée dans le monde entier. Ce que vous avez fait est catastrophique, du point de vue de l'image, mais aussi d'un point de vue financier".

La procureure a, elle, regretté de ne pas avoir de réponses à ses questions et a fait savoir qu'elle ne pouvait accepter la seule explication consistant à dire que le prévenu "voulait faire peur". Elle avait requis 15 mois de prison dont 9 mois assortis du sursis avec mise à l'épreuve de deux ans. Il a été condamné à porter durant six mois un bracelet électronique. Une décision saluée par Samir Idir, l'avocat du prévenu : pour lui, les juges "ont compris que le cocktail terrorisme-coran n'avait pas de place dans ce dossier".


Aurélie SARROT

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