"Vous avez quelque chose sous votre blouse ?" : vos témoignages sur le sexisme au travail

par Sibylle LAURENT
Publié le 9 septembre 2016 à 18h03
"Vous avez quelque chose sous votre blouse ?" : vos témoignages sur le sexisme au travail
Source : Sipa

TEMOIGNAGES - D’après une étude publiée ce vendredi par le ministère du Travail, 8% des femmes déclarent avoir subi un comportement sexiste au travail. En février dernier, à l’occasion d’un colloque sur le sujet, nous avions demandé à nos lectrices de nous livrer leurs témoignages. Nous les republions.

C’est parfois anodin. Un petit geste, une phrase déplacée. Peut-être, les auteurs ne s’en rendent pas compte. Pensent faire une bonne blague. On rigole. D’autres fois, la pression est mise volontairement. En tout cas, aujourd’hui encore, le sexisme au travail est bel et bien une réalité. 

D’après une étude publiée ce vendredi par le ministère du Travail,  8% des femmes déclarent avoir subi un comportement sexiste dans le cadre de leur travail, "les femmes salariées de l'industrie" se révélant être "les plus concernées par cette dimension sexiste des comportements hostiles". Un chiffre qui interpelle. En février dernier, à l’occasion d’un colloque sur le sujet organisé par la secrétaire d’Etat aux droits de femmes Pascale Boistard, nous avions appelé nos lectrices à réagir. Pour l’occasion, nous republions leurs témoignages ci-dessus. Chacune a son histoire, son parcours, et sa manière de réagir. Mais les comportements qu’elles racontent, à chaque fois, interpellent.

Guylaine, employée dans un entrepôt qui stock du parfum : "Tu ne vas pas te faire engrosser ?"

"Après 6 mois d'intérim, mon responsable vient me voir et me demande : "Un CDI, ça t'intéresse ?" Moi, toute contente qu'on me le propose, je dis oui. Et là, il me balance : "Par contre tu ne vas pas te faire engrosser ?" J’avais besoin d’un CDI, et j’ai quand même dit "OK". Mais cette phrase reste gravée à jamais dans ma mémoire."

Wiebke : "C'est dommage, j'aurais bien croqué un bout"

"J'ai longtemps été 'soupçonnée' (car bien sûr c'est un crime) d'être une 'gouine'. Parce j’avais les cheveux courts, je n’étais pas mariée, je n’avais pas d'enfants, je ne cachais pas ma passion pour la randonnée et j’étais hyper-pudique sur ma vie privée. 'C'est dommage, j'aurais bien croqué un bout', me suis-je entendue dire une fois par mon chef (en présence de mes collègues à majorité masculine). Ils se sont même amusés à me draguer, celui qui décrochait ne serait-ce qu'un café privé aurait eu droit à une bouteille de vin. Elle est toujours au fond d'un placard. Et j'ai quitté l'entreprise."

Peu importe qu’on change de job, il y a toujours ce sexisme...
Julie, cadre

Martine, en milieu hospitalier : "Vous avez quelque chose sous votre blouse ?"

"Dans le milieu hospitalier, les femmes en blouses blanches on est parfois considérées comme des sa... On se prend régulièrement des allusions, du style : 'Vous avez quelque chose sous votre blouse ? Vous me feriez des soins intimes à domicile ?'. Et encore, je vous cite le moins grossier."

Julie, cadre : "Pas une semaine sans au moins une allusion sexiste"

"J'aimerais une semaine sans au moins une allusion sexiste. Des anecdotes j'en ai plein les tiroirs : pendant des conférences téléphoniques matinales, à très large majorité masculine : 'Julie est là : juste sur mes genoux !', 'Julie est encore dans son lit juste à côté de moi !' C’est sans parler des réflexions sur le physique à propos des fringues qu'on porte, des propositions sexuelles du N+2 encouragées par le N+1 qui se dit qu'en prostituant sa collègue il peut gratter une promotion. Peu importe qu’on change de job, il y a toujours ce sexisme sur les femmes. Mes expériences suivantes l'ont prouvé...

Sylvie, comptable : "Le café, il est pas fait ?"

"Je suis la seule femme dans une société de neuf salariés... Franchement, le sexisme je le rencontre tous les jours. Ce sont des remarques comme : "Ben le café, il est pas fait ?" Moi je réponds systématiquement : 'Allô, je suis la comptable. Alors si tu veux du café, tu te le fais toi-même !' Ou encore : 'Rhoo, la salle cafèt’ est dégueulasse !' Du coup, c’est moi qui me mets à faire des remarques sexistes, en répondant : "Et bien oui messieurs, quand on ne la maîtrise pas, on en fout partout… je parle de la tasse de café, bien sûr !" En fait, je prends très souvent à la rigolade, mais quelques fois c'est quand même bien lourd."

Jessie : "Mon supérieur tire mon chemisier pour zieuter ma poitrine "

"Je prends l'ascenseur avec mon supérieur qui tire mon chemisier pour zieuter ma poitrine. Je lui ai répondu directement : "Hey dis donc, je ne suis pas ta pute !". Ça l’a calmé. Enfin… vous me direz je suis partie deux mois après."

Katia : "Pas d’augmentation à la suite de mon congé maternité"

"J'ai déjà eu la remarque que je ne serai pas augmentée… étant donné que je n'avais pas effectué l'année entière à cause de mon congé maternité !"

VIDEO. Le gouvernement s'engage dans une campagne contre le "sexisme ordinaire"

Le gouvernement s'engage dans une campagne contre le "sexisme ordinaire"Source : Sujet JT LCI
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