Sept bébés nés sans bras ou sans main en quelques années autour d'un même village, un phénomène inexpliqué

Publié le 28 septembre 2018 à 18h52, mis à jour le 31 octobre 2018 à 18h28
Sept bébés nés sans bras ou sans main en quelques années autour d'un même village, un phénomène inexpliqué

SANTE - Une enquête de France 2 a révélé un rapport médical confidentiel alertant sur le nombre de malformations de bébés entre 2009 et 2014 dans l’Ain. Une fréquence 58 fois plus élevée que la normale, selon la structure Remera, qui a alerté les autorités de santé, et qui est pourtant aujourd’hui menacée de disparaître.

Ils sont tous nés entre 2009 et 2014 dans un rayon de 17 kilomètres. Sept enfants sans bras ou sans main ont vu ainsi le jour autour de Druillat, un village de l’Ain. L’œil du 20 heures de France 2 a enquêté sur ces mystérieuses malformations en s’appuyant sur un rapport médical longtemps resté confidentiel. 

Le Remera, une structure qui recense les malformations dans la région, a en effet alerté les autorités de santé après avoir enquêté sur cette zone. Emmanuelle Amar, épidémiologiste, a ainsi pu constater une fréquence des malformations 58 fois plus élevée que la normale. Les médecins n’ont aucune explication, l’anomalie ne serait pas génétique. 

"Ce sont toutes des femmes qui vivent en zone rurale"

"On a interrogé toutes les mères avec un questionnaire très poussé sur leurs habitudes de vie. Le seul point commun c’est que ce sont toutes des femmes qui vivent en zone rurale au milieu de champs de maïs et de tournesol", explique l’épidémiologiste dans le reportage.

Fin 2014, elle livre son rapport aux autorités de santé. La réponse n'interviendra que deux ans plus tard. Santé Publique France y conteste la méthodologie tout en ajoutant : "Compte tenu de la nature du problème détecté et de ses répercussions sociétales, en termes de craintes des populations concernées, une vigilance renforcée semble nécessaire."

Arrêt des subventions

Mais la préconisation d’une vigilance renforcée pourrait ne pas être faite par le Remera, qui travaille pourtant depuis 45 ans sur le sujet. Les subventions publiques lui ont en effet été coupées. "Les conséquences sont très simples, c’est la fin de la surveillance des malformations, c’est-à-dire clairement la fin de l’alerte aussi", commente Emmanuelle Amar.  De quoi susciter des interrogations. Pourquoi la région Auvergne-Rhône-Alpes et l’Inserm ont-ils décidé d’abandonner les subventions de cette structure, qui avait pourtant mis au jour un constat inquiétant ? 

Interrogée par France 2, la Région fait valoir que cela ne fait plus partie de ses attributions, quand l’organisme de recherche répond de son côté que "l’apport du registre pour la recherche est très faible". Une réponse surprenante quand on sait que l’ancienne ministre de la Santé, Marisol Touraine, avait  loué le travail du Remera. Le gouvernement voulait alors mettre en place un registre national des malformations congénitales en s’appuyant sur le registre de l’association régionale. 

France 2 indique par ailleurs qu’entre temps, des médecins de Bretagne et des Pays de la Loire auraient alerté à leur tour les autorités. Sept enfants sont nés sans bras en l'espace de quelques mois.


La rédaction de TF1info

Tout
TF1 Info