Ejaculation précoce, vaginisme, libido : quand l'hypnose vole au secours de la sexualité

Publié le 27 août 2015 à 12h03
Ejaculation précoce, vaginisme, libido : quand l'hypnose vole au secours de la sexualité

SANTÉ - L'hypnose a le vent en poupe, et elle sur le devant de la scène ces jours-ci avec l'organisation à Paris, de mercredi jusqu'à samedi, d'un très sérieux congrès mondial sur cette discipline. L'occasion de découvrir des domaines d'application méconnus : en matière de sexualité aussi, l'hypnose peut permettre de résoudre les troubles.

On sait que l'hypnose, désormais utilisée jusque dans les hôpitaux pour la prise en charge de la douleur, peut permettre d'arrêter la cigarette ou de vaincre ses phobies. Le congrès mondial consacré à cette discipline en vogue, qui réunit jusqu'à ce samedi à Paris des centaines de professionnels de santé venus de tous pays, permet de se rendre compte de l'étendue de ses domaines d'application. L'une de ses co-organisatrices, Joëlle Mignot, est ainsi psychologue spécialisée en sexologie. L'hypnose au service de la sexualité ? Cette experte nous en dit plus.

Quel type de troubles sexuels l'hypnose peut-elle soigner ?
L'éventail est très large. Dans son cabinet parisien , Joëlle Mignot reçoit aussi bien des femmes et des hommes en tête-à-tête que des couples. "Chez les femmes, les principaux problèmes que l'on peut traiter avec l'hypnose concernent le vaginisme, c'est-à-dire une hypercontraction involontaire des muscles du vagin, les anorgasmies (les difficultés d'orgasme, ndlr), les douleurs durant les rapports et beaucoup, beaucoup les troubles du désir", explique-t-elle. Pour les hommes, les demandes vont des "dysfonctions érectiles" (autrefois appelées impuissance) à "l'éjaculation rapide", en passant par les "anéjaculations"(les difficultés à éjaculer, ndlr) et, là aussi, les problèmes de libido.

"Dans le couple, on peut résoudre avec l'hypnose les éventuelles difficultés sexuelles, mais aussi les troubles de la communication ou les conflits", précise la sexologue. Qui souligne que, même si l'on a aucun problème particulier, l'hypnose peut aussi être un moyen de favoriser l'épanouissement sexuel. Durant le congrès ainsi, tandis qu'une intervenante viendra rendre compte d'une étude sur "les effets de l'hypnothérapie sur la phobie du sexe dans le mariage non consommé", Joëlle Mignot a intitulé sa prise de parole "les sept voies (mystérieuses!) de la santé sexuelle".

Comment se déroulent les séances ?
Elles n'ont bien sûr rien à voir avec les shows des hypnotiseurs de théâtre, à la façon d'un Messmer se vantant de pouvoir provoquer un orgasme à distance. Joëlle Mignot pratique la méthode la plus répandue chez les professionnels de santé, l'hypnose "ericksonienne", qui repose sur la suggestion librement consentie et non sur des ordres que donnerait le thérapeute. "L'état d'hypnose en lui-même est un état naturel : c'est celui que nous utilisons tous de façon involontaire lorsque l'on est très concentré sur une tâche", explique la sexologue. Pour y amener le patient et lui faire prendre conscience des ressources qu'il a en lui, poursuit-elle, "il y a des techniques d'induction : on peut par exemple raconter des histoires et avoir recours à des métaphores, ou utiliser des techniques d'hypnose classique comme la fixation d'un point ou la respiration". Si un patient vient consulter car il souffre d'éjaculation précoce, Joëlle Mignot peut par exemple lui demander de prendre conscience de sa respiration puis, tout en s'imaginant dans un rapport sexuel, de l'accélérer ou de la ralentir en se mettant dans la peau d'un conducteur de voiture ou d'avion.

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"Cela permet de refaire le lien entre ce qui se passe dans le corps et dans la tête, développe la sexologue. Les hommes qui souffrent d'éjaculation précoce ne maîtrisent pas leur excitation. Là, ils apprennent peu à peu à prendre conscience de leur seuil éjaculatoire et à l'apprivoiser."

Pour quels résultats ?
La technique n'est bien sûr pas garantie à 100% et, souligne Joëlle Mignot, "pour un même symptôme, l'histoire de chaque patient est toujours différente". Mais si l'on continue avec l'exemple des éjaculateurs précoces, "les patients acquièrent en règle générale une maîtrise dont ils n'avaient même pas conscience auparavant", assure-t-elle. Pour certains, seules deux ou trois séances (chacune dure chez Joëlle Mignot une vingtaine de minutes, de l'induction jusqu'à la récupération) auront suffi. Chez les autres, une dizaine pourront être nécessaires. Les techniques apprises en cabinet peuvent ensuite être réutilisées chez soi, via l'auto-hypnose.

Est-ce une technique répandue chez les sexologues ?
Pas vraiment. Sur le millier de praticiens qui ne s'occupent que de sexologie en France, "quelques dizaines" seulement ont ainsi recours à l'hypnose selon Joëlle Mignot, qui assure néanmoins que "beaucoup s'y intéressent sans la pratiquer régulièrement". Si l'hypnose peut toujours susciter critiques et réserves, la reconnaissance de ses bienfaits, et notamment en matière de sexualité, fait en tout cas son chemin. Le congrès mondial organisé à Paris se targue ainsi d'être parrainé par la "Chaire Unesco Santé sexuelle et Droits humains".

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Joëlle Mignot.
Joëlle Mignot. - DR

Gilles DANIEL

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