"Je ne fais qu'un repas par jour" : le combat de Maria, 52 ans, pour vivre avec 500 euros par mois

Publié le 9 novembre 2017 à 13h09, mis à jour le 11 novembre 2017 à 18h16
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Source : Sujet JT LCI

TÉMOIGNAGE - Le Secours catholique publie ce jeudi son rapport annuel sur la pauvreté en France, qui touche selon lui toujours de personnes, et de plus en plus durement. C'est le cas de Maria, qui vit avec 500 euros par mois.

"Je veux gagner mon argent à la sueur de mon front. Je ne veux pas dépendre toute ma vie de l’Etat !" En France, neuf millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté avec moins de 1000 euros par mois, selon l'Insee. Une large part (2.300.000 personnes) vit même avec moins de 670 euros par mois. 

C'est le cas de Maria, qui avait accepté de raconter son quotidien à LCI à l'occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, le 17 octobre dernier. Nous republions son témoignage, alors que le Secours catholique a publié le 9 novembre son rapport annuel, alarmant, sur l'état de la pauvreté en France.

La misère, Maria, 52 ans et mère de trois enfants, la combat quotidiennement. Depuis bientôt deux ans, cette habitante de Reims n'a pour seuls revenus son allocation solidarité spécifique (ASS), qui est passée le 1er avril de 16,27 à 16,32 euros par jour, et son Aide personnalisée au logement (APL), s'élevant à 250 euros. Une somme qui ne lui laisse plus grand-chose après avoir payé son loyer. "Une fois que j'ai réglé mon loyer et mes factures, il me reste environ 200 euros par mois. Après avoir fait les courses, il ne me reste plus rien", raconte sans ambages Maria. 

Je suis en train de calculer pour savoir ce que je vais manger le lendemain
Maria

Des courses qui sont pour cette habitante de Reims un véritable "casse-tête" : "Si certains ont la tête vide, moi je suis en train de calculer pour savoir ce que je vais manger le lendemain. Je ne fais qu’un repas par jour, et je ne prends jamais de la viande. Je ne jette pas mon pain, je le mets de côté." Difficile dans ces conditions d'envisager le moindre loisir. "Je ne peux pas aller au cinéma, au restaurant ou chez le coiffeur. Je vais parfois  la piscine, qui me revient à 50 centimes grâce à ma carte solidarité, ou à la bibliothèque. Les vacances ? Je ne connais pas. Je n'ai pas les moyens d'avoir une voiture. Quand d'autres partent à la mer, moi, je reste à rien faire."

Six fois grand-mère, Maria ne peut compter que sur sa prime de Noël – environ 150 euros - pour leur offrir quelques cadeaux. "Ma prime, elle est pour eux. Je n’y touche pas." Quant à ses enfants, hors de question de leur demander un coup de main : "Je pourrais le faire, mais je ne le veux pas. J’estime que c’est aux parents d’aider leurs enfants, pas l’inverse. Mes obsèques ? Je ne veux pas que ce soit à eux de les régler, je dois voir avec ma banque pour prendre un petit prêt."

Oui, je vais les sentir. Cela fait deux repas en moins
Maria, sur la baisse des APL

Dans quelques jours, Maria devrait recevoir son premier versement des APL intégrant la baisse de cinq euros, annoncée au début de l'été par l'exécutif. Une somme tout sauf symbolique. "Oui, je vais les sentir. Cela fait deux repas en moins", estime Maria. Avant d'appuyer : "L’Etat ne se rend pas compte des dégâts que ce genre de baisse peut avoir. Surtout quand on voit ce qu’on va donner aux JO, on se demande où est ce qu’ils vont chercher cet argent…. Pour le sport on donne 26 milliards mais pour les gens qui ont subi Irma on fait appel à la générosité des gens pour pas les laisser crever de faim ?"

Journée mondiale du refus de la misèreSource : JT 20h Semaine
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Au gouvernement, elle ne demande qu'une chose : "Un travail. Et je fais tout pour cela : je prépare actuellement une validation d’acquis à l’expérience. Mon dossier a été validé par le département, j’ai commencé mes heures de formation." Une formation qui, elle l'espère, lui permettra de gagner son autonomie. "Ca m’énerve quand j’entends dire que les gens qui touchent l’ASS ne veulent pas s’en sortir. Mais donnez-nous les possibilités pour le faire et vous verrez !". A l'heure où plus de 14% de la population vit sous le seuil de pauvreté, le gouvernement entend plutôt mettre l'accent sur la pauvreté des enfants et des jeunes. C'est en effet sur ces derniers qu'il a axé une concertation de six mois lancée sur le sujet en octobre dernier.

Maria, elle l'assure : "Je ne veux pas dépendre toute ma vie de l’Etat ! Ce que je touche par mois, c’est pas à moi. Quand j’ai eu mon premier salaire y a deux ans, j’étais très fière, j’avais les larmes aux yeux. Moi ma carte de transport, j’ai envie de la payer avec mon argent, mais pour ça je dois bosser."


Thomas GUIEN

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