Avec ces deux photos, une maman lève le voile sur la dépression post-partum

par Claire CAMBIER
Publié le 11 mai 2017 à 10h28
Avec ces deux photos, une maman lève le voile sur la dépression post-partum

TABOU - Pas facile de parler de la dépression post-partum pour les jeunes mamans, un tabou qui enferme dans bien des cas. Une jeune mère américaine a décidé de lever le voile sur cette maladie trop souvent cachée en se mettant en scène avec ses enfants sur deux photos. Une initiative qui a fait le tour des réseaux sociaux.

La première photographie semble tout droit sortie d'un magazine. Kathy DiVincenzo y apparaît souriante, bien habillée, pomponnée, posant fièrement aux côtés de ses deux chérubins Gia (3 ans) et Dominic (4 mois) dans une chambre d'enfant épurée, propre et rangée. Un cliché idéalisé. La deuxième montre une toute autre réalité : en simple soutien-gorge, la jeune femme semble extrêment fatiguée. Ses cheveux mal attachés renforcent ce côté "négligé". Son bébé est allongé à même le sol au milieu d'un fatras de jouets.

Même lieu, mêmes personnes, mais deux ressentis bien différents. "La vérité, c'est que ces photos représentent toutes deux ma vie en fonction des jours. Et pourtant, je ne partageais que l'une de ses deux réalités sur les réseaux sociaux et c'est bien ça le problème." Kathy DiVincenzo souffre de dépression post-partum, une maladie qui touche de 10 à 15% des femmes et qui ne peut pas être comparée au baby blues. Car si le baby blues est assez classique après l'accouchement, les symptômes disparaissent généralement au bout d'une dizaine de jours. Malheureusement pas pour toutes les femmes, certaines s'enfoncent dans une dépression profonde. Une maladie qui reste encore aujourd'hui un tabou.

La première des raisons : la culpabilité de la mère et la pression culturelle : "La seule chose qui est plus fatiguante que les symptômes, c'est de prétendre quotidiennement qu'ils n'existent pas", raconte-t-elle. "Je travaille deux fois plus pour vous cacher cette réalité parce que j'ai peur de vous rendre mal à l'aise, j'ai peur que vous pensiez que je suis faible, folle, une horrible mère et un millier d'autres choses". Mais Kathy DiVincenzo a décidé de rompre ce silence parce qu'elle sait qu'elle n'est "pas la seule à penser ainsi".

Danielle Fantis

C'est comme si je respirais de l'eau.
Kathy DiVincenzo

"Nous devons arrêter de prétendre que la période suivant l'accouchement est toujours euphorique", lance la jeune maman, "parce que dans un cas sur sept ce n'est pas le cas". La jeune Américaine, elle, a mis du temps à mettre des mots sur sa situation. Aux personnes qui lui demandent à quoi ça ressemble, elle explique que "c'est comme si je respirais de l'eau".

Si elle a choisi de se mettre en avant, c'est pour aider à une prise de conscience collective et expliquer que cette "noyade" n'est pas irréversible. Pour se faire, elle a demandé à l'une de ses amies photographes, Danielle Fantis, de l'aider. Signe que le sujet ne laisse pas indifférent, son post Facebook a été partagé plus de 70.000 fois et "liké" 47.000 fois. Kathy DiVincenzo espère surtout que les gens connaîtront mieux cette maladie et que les femmes qui en souffrent sauront tirer la sonnette d'alarme. "Si le sentiment d'être au bout du rouleau ne passe pas après les deux semaines correspondant au babyblues "normal", demandez de l'aide", conseille-t-elle. "Vous ne devez pas juste subir."


Claire CAMBIER

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