Le militant de la fin de vie digne Alain Cocq est mort par suicide assisté en Suisse

V. F
Publié le 15 juin 2021 à 17h44
Le militant de la fin de vie digne Alain Cocq est mort par suicide assisté en Suisse
Source : PHILIPPE DESMAZES / AFP

EUTHANASIE - Atteint d'une maladie incurable, Alain Cocq militait depuis plusieurs années pour le droit à une fin de vie dans la dignité. Il est décédé ce mardi en Suisse par suicide assisté, a annoncé son entourage.

"Je tiens à vous informer, par la présente, de mon décès dans la dignité, dans le cadre d’une procédure de suicide assisté en Suisse (mort naturelle)". Alain Cocq, 58 ans, persiste et signe. Ce fervent militant d'une fin de vie digne a annoncé ce mardi 15 juin dans la matinée son passage à l'acte dans une lettre ouverte adressée au Président de la République, au gouvernement et aux parlementaires et diffusée par ses soutiens, fustigeant "le manque de courage" de la classe politique. 

"Il a pris un cachet ; cela a été très rapide. C'est chose faite et c'est une très bonne chose qu'il soit parti comme il le souhaitait", a indiqué à l'AFP François Lambert, un de ses proches qui est aussi avocat et neveu de Vincent Lambert, autre cause célèbre des partisans de l'euthanasie. "C'est préférable à rester en vie dans cet état", a-t-il ajouté faisant référence à la maladie orpheline dont Alain Cocq était atteint et qui le faisait terriblement souffrir.

"Alain Cocq est décédé ce matin à 11 h 20. À Berne (CH), selon son désir, dans la dignité. Repose enfin en paix Alain", a précisé sur Facebook, Sophie Medjeberg, une autre proche du Dijonnais.

"Partir en paix"

Alain Cocq avait été diagnostiqué à 23 ans d'une maladie aussi incurable que douloureuse, qui l'a conduit à vivre pendant 35 ans "en soins palliatifs", selon ses termes. Malgré toutes ses souffrances, il ne pouvait bénéficier de la loi en vigueur, dite Claeys-Leonetti, adoptée en 2016 : cette dernière autorise "la sédation profonde et continue, pouvant aller jusqu'à la mort" mais uniquement pour des personnes dont le pronostic vital est engagé "à court terme".

"La loi Leonetti de 2016 est une aberration française, que nul autre pays au monde n'a adoptée et qui laisse de côté les malades atteints de maladies neurodégénératives", estime dans un communiqué l'Association au droit à mourir dans la dignité (ADMD). "Ces morts à l'étranger sont indignes de notre pays. Car à la souffrance générée par la fin de vie s'ajoute l'exil, seulement accompagné de quelques proches", ajoute l'ADMD.

Alain Cocq avait demandé en août 2020 au président Emmanuel Macron d'autoriser le corps médical à lui prescrire du pentobarbital, un barbiturique puissant qui lui aurait permis de "partir en paix". Face au refus du président, il avait tenté à deux reprises de se laisser mourir, en faisant la grève des soins et de la faim, mais il avait dû renoncer face à des douleurs insoutenables. Il avait alors annoncé son intention de se rendre en Suisse, où le suicide assisté est légal.

Dans sa lettre d'outre-tombe, Alain Cocq interpelle également les candidats à l'élection présidentielle 2022 et leur demande s'ils sont "prêts à soutenir un projet de loi relatif à la fin de vie dans la dignité dans lequel serait défini tant le suicide assisté que l'euthanasie". "Quant à moi, d'où je serai, je ne manquerai pas de vous observer tous", a-t-il poursuivi, très politique jusqu'à ses derniers instants.


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