Fac de Montpellier : après la violente évacuation d'un amphi, le doyen démissionne, une enquête ouverte

par Antoine RONDEL
Publié le 24 mars 2018 à 22h28, mis à jour le 24 mars 2018 à 22h58

Source : JT 13h WE

ANNONCE - Le Président de l'université de Montpellier a annoncé la démission du doyen de la faculté Philippe Pétel, dont le rôle avait été mis en cause par les étudiants agressés dans la nuit du jeudi 22 au vendredi 23 mars par des hommes cagoulés.

Dans la nuit de ce jeudi à vendredi, des hommes cagoulés ont violemment expulsé des étudiants qui occupaient un amphithéâtre de la faculté de droit de Montpellier, en protestation contre la nouvelle loi Vidal portant sur les règles d'accès à l'université. Lors d'un rassemblement de protestation devant les grilles baissés de la faculté de droit ce vendredi midi, des étudiants ont directement mis en cause le rôle du doyen, Philippe Pétel. Ce dernier, accusé par plusieurs étudiants victimes d'agression d'avoir favorisé l'arrivée des agresseurs, a démissionné vendredi soir, a annoncé le Président de l'université Philippe Augé, dans un communiqué. 

Démission du doyen, ouverture d'une enquête par le parquet

Le président de l'université a nommé ce matin un administrateur provisoire. Egalement vice-président de l'Université, Bruno Fabre, le professeur de gestion et vice-président du conseil d’administration, devra s'assurer de "la continuité du service public et [du] fonctionnement de la Faculté de Droit et de Science Politique dans des conditions normales", poursuit le communiqué. "La démission du doyen est un premier élément qui doit contribuer à l’apaisement sur le site" a déclaré Philippe Augé au Monde. Celui-ci, en compagnie de l'administrateur annonce qu'il ira "à la rencontre des agents et des étudiants de la Faculté dès le début de la semaine prochaine".

Ce vendredi, le procureur de la République de Montpellier Christophe Barret avait expliqué à l'AFP que le parquet de Montpellier avait ouvert une enquête pour des faits de "violences en réunion et avec arme" et d'"intrusion". Du côté des étudiants touchés, dont "au moins 17" ont été blessés et trois gravement, les accusations contre le désormais ex-doyen convergent, qui a jugé "possible" que, parmi les agresseurs se trouvent des professeurs.

"On l'a vu applaudir"

Plusieurs témoignages concordants ont indiqué à LCI que ce dernier avait été entendu, intimant aux étudiants s'opposant à l'occupation de l'amphithéâtre mais toujours présents pour faire entendre leur voix, de s'en aller "parce que ça [allait] chauffer". Quelques minutes plus tard, une dizaine d'individus cagoulés, "corpulents", armés de bouts de bois et d'un taser pour l'un, faisaient leur apparition dans l'amphi, semant le chaos. "Nous sommes plusieurs à l'avoir vu applaudir notre évacuation", confie un témoin agressé ce jeudi. De la même façon, ces sources assurent qu'après la violente évacuation, le doyen a fait fermer les grilles de la faculté, se réunissant avec les personnes ayant agressé les étudiants qui occupées l'amphithéâtre. "C'était très soudain, très rapide. Nous avons été massacrés", rapporte l'un d'eux à LCI, précisant avoir reçu plusieurs coups de poing sur la tête. "Une camarade a été tasée, alors qu'elle était en position fœtale pour échapper aux coups." "Ils se sont mis à quatre sur elle", nous raconte encore un autre.

Par ailleurs, le rôle des agents de sécurité est également pointé du doigt. Un étudiant défavorable à l'occupation votée en assemblée générale dans l'après-midi mais qui a assisté à la scène nous raconte : "Ils n'ont rien fait pour protéger les étudiants attaqués. Ils avaient l'air soulagé que les cagoulés arrivent". Même chose pour notre étudiant agressé, qui préfère garder l'anonymat : "Nous n'avons reçu aucune aide de leur part. C'est seulement en courant pour sortir que l'un d'eux m'a indiqué la sortie".

Ce lundi, la faculté de droit doit rouvrir ses portes. Le contexte sera des plus pesants, alors que plusieurs étudiants ont déjà manifesté leur soutien au doyen déchu, que d'autres veulent prolonger le mouvement d'occupation des facs et que d'autres souhaitent que justice soit faite. "C'est une déclaration de guerre des étudiants d'extrême droite à ceux de gauche", résume l'un d'eux. "Ils nous disent : on vous a mis une raclée, maintenant on vous attend."


Antoine RONDEL

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