Fillette morte noyée à Berck : la mère raconte son effroyable geste

par Maud VALLEREAU
Publié le 18 septembre 2014 à 14h35

INFANTICIDE - Fabienne Kabou, la mère de la petite Adélaïde, retrouvée noyée à Berck en 2013, avait confié en décembre au juge les raisons qui l'ont poussée à tuer son enfant. Le Parisien publie jeudi des extraits de cette audition.

Le 20 novembre 2013, au petit matin, des pêcheurs de crevettes découvrent le corps d'une enfant gisant sur la plage de Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais). Neuf jours plus tard, Fabienne Kabou, 36 ans, est arrêtée à Saint-Mandé (Val-de-Marne), dans la maison de son compagnon, de 27 ans son aîné. Devant le juge d'instruction, la jeune femme reconnaîtra avoir abandonné la petite Adélaïde à la marée montante. L'enfant de 15 mois n'avait jamais été déclarée à l'état civil.

Jeudi, Le Parisien publie des extraits de l'audition de cette femme à la personnalité complexe. "A un moment, je m'arrête, confie Fabienne Kabou au magistrat. Adélaïde a un petit sursaut comme si elle venait de se réveiller. Elle devait chercher mon sein. Je lui donne le sein. Je reste debout, je la serre contre moi et puis là, je ne sais pas, je dis non, non, non, j'arrête pas de dire non, je ne sais pas pourquoi. Je pleure, et comme si je disais à quelqu'un, je ne peux pas faire une chose comme ça mais je le fais."

"Je lui ai demandé pardon"

La jeune mère explique être alors seule sur la plage, éclairée par la lune. "C'est comme s'il y avait un projecteur braqué sur moi (...) Après, je vois l'écume et j'ai dû poser Ada à 5 mètres, à 2 mètres, en tout cas, elle a dû se noyer tout de suite. Je ne sais pas à quelle vitesse est montée la mer mais c'était tout près. Je l'ai posée, je lui ai parlé, je lui ai demandé pardon. Elle était bien je pense. Elle ne s'est pas sentie en danger, j'étais contre elle. J'étais à genou. Je lui ai fait un câlin longtemps et puis elle n'était pas vraiment endormie mais apaisée (…). Je ne sais pas combien de temps je suis restée là (…) et puis j'ai tourné les talons et j'ai couru." La petite fille est alors en train de se noyer mais sa mère ne reviendra pas. "Qu'est-ce que j'ai fait ? s'interroge-t-elle. Je ne sais plus".

La première expertise psychiatrique conclura à une absence de pathologie mentale et psychique. Les experts estiment néanmoins que le jugement de Fabienne Kabou était "altéré" au moment des faits. Elle était sous "influence culturelle", comme si elle avait été victime d'un acte de sorcellerie, écrit le Parisien. Mais pour l'avocat de Michel, son ex-compagnon et père d'Adélaïde, "tout criminel va avoir tendance à trouver des explications extérieures à lui-même". "Elle a une intelligence qui lui permet de présenter les événements de manière romanesque", assure-t-il. Lorsqu'elle a commis l'irréparable, Fabienne Kabou, qui est issue d'une famille sénégalaise catholique aisée, préparait une thèse en philosophie sur "la théorie du réel". Pour tenter de mieux comprendre son geste effroyable, une deuxième expertise psychiatrique a été demandée. Les résultats devraient être connus au mois d'octobre.


Maud VALLEREAU

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