France 2 : quand "Toute une histoire" donne la parole à des invités "misogynes" et "homophobes"

Anaïs Condomines
Publié le 21 octobre 2015 à 18h46
 France 2 : quand "Toute une histoire" donne la parole à des invités "misogynes" et "homophobes"

POLEMIQUE – L’émission de France 2 "Toute une histoire" a diffusé ce mercredi le témoignage de deux militants jugés "misogynes" et "homophobes", sur le thème du droit de la garde des pères.

Les invités de Sophie Davant dérangent. Au menu de l’émission "Toute une histoire", diffusée ce mercredi 21 octobre sur France 2 : le droit de garde des papas. Sur le papier, l’idée est belle. Elle consiste à donner la parole à "des pères qui se battent ou se sont battus pour voir grandir leur enfant", comme le précise le résumé de l’émission. Un thème de société comme en relaie beaucoup le programme depuis des années. Sauf que cette fois, le casting fait des vagues.

Sur les fauteuils de "Toute une histoire" ont donc pris place deux pères de famille, Yann et Fabrice. Aka Yann Vasseur et Fabrice Mejias, tous deux présidents d’associations œuvrant pour la co-parentalité popularisées au moment des "papas perchés" sur les grues, qui réclamaient des droits. L'association "SOS Papa", gérée par Fabrice Mejias, prend soin de diffuser un discours policé. Mais tel n’est pas le cas de "SVP Papa", présidée quant à elle par Yann Vasseur.

"Putes de jaf" et "mères malveillantes"

Si elle se présente comme une banque de données et "d’informations sur le droit des pères"sur Facebook, l’association "SVP Papa" diffuse des arguments qui font grincer des dents et dont certains jugent qu’ils sont à la fois anti-avortement, misogynes et homophobes. C’est-à-dire que Yann Vasseur ne mâche pas ses mots quand il s’agit de dénigrer les "putes de jaf" (comprendre Juges aux affaires familiales), et autres "mères malveillantes" qui selon lui, obtiennent systématiquement la garde des enfants lors de conflits conjugaux.

Capture d'écran Facebook
Capture d'écran Facebook

Sur Youtube, Yann Vasseur est également l’auteur d’une vidéo intitulée "Violences : fêtes des femmes!", dans laquelle il explique que "les chiffres des violences conjugales sont attendus par les féministes un peu comme on attend son treizième mois." Alors sur Twitter, plusieurs internautes se sont interrogés sur le choix de ces invités.

"Propagande et exhibition LGBT"

Contacté par metronews, le collectif "Osez le féminisme" ne cache pas sa colère : "Ces deux personnes sont présentées comme de bons pères de famille, sans un mot sur leur fonction de militant associatif et sans contradicteur en face pour leur répondre. Yann Vasseur et Fabrice Mejias avancent masqués, alors qu’ils sont à la tête d’un lobby masculiniste qui dénonce ‘une justice toujours en faveur des femmes’. Sur les réseaux sociaux, ils tiennent des propos d’une misogynie inacceptable, nient les chiffres des violences faites aux femmes et se posent en victimes. Alors que, concernant la garde des enfants, lorsqu’un accord est trouvé entre les parents, il n’y a pas lieu pour nous de s’opposer à la co-parentalité."

Nous avons retrouvé Yann Vasseur. Au téléphone, il reconnaît volontiers le ton vindicatif de son association : "Nous avons choisi d’être polémiques. On pousse le bouchon sciemment. Mais cela pour une raison : être entendu et lutter contre la victimisation systématique des femmes." Il poursuit : "Nous ne sommes pas misogynes, nous sommes anti-féministes. Quant aux propos homophobes qui nous sont prêtés, je précise que nous sommes en faveur de l’adoption pour les couples de même sexe. C’est une façon d’obliger les juges à considérer la garde des enfants par les pères. En revanche, il est vrai que nous considérons la propagande et l’exhibition LGBT dans les écoles et les collèges, lorsqu’ils viennent parler de leurs pratiques, comme une atteinte à la pudeur." La production de l’émission ignorait-elle le profil de ses deux invités ? Contacté, Réservoir Prod, qui a organisé le casting, n’a pas encore donné suite à nos sollicitations.

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Anaïs Condomines

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