Gifles, fessées, chantage : des députés veulent en finir avec la "violence éducative ordinaire"

Publié le 3 mars 2018 à 17h20
Gifles, fessées, chantage : des députés veulent en finir avec la "violence éducative ordinaire"
Source : LOIC VENANCE/AFP

ÉDUCATION - Selon l'Observatoire de la violence éducative, 87% des enfants subissent des pratiques punitives "à titre éducatif" de leurs parents. Une proposition de loi déposée par des députés de divers horizons politiques espère les faire cesser.

Ils veulent tirer un trait définitif sur les fessées, les gifles, les moqueries, les injures, les chantages ou même les cris. Une trentaine de députés de diverses sensibilités politiques ont déposé ce jeudi une proposition de loi visant à interdire les "violences éducatives ordinaires" (VEO). 

En France, 87% des parents seraient adeptes des VEO, selon l’Observatoire de la violence éducative ordinaire qui explique que plus de la moitié des parents frapperaient leurs enfants avant l’âge de 2 ans. Avant qu'ils n'atteignent 5 ans, cette proportion passe même aux trois-quarts. L'observatoire précise que "75 % des maltraitances ont lieu dans un contexte de punitions corporelles dites éducatives".

Un Français sur quatre dit avoir été victime de violences durant l'enfanceSource : Sujet JT LCI
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Dans l’exposé de la proposition de loi, les initiateurs du texte exposent les facteurs qui conduisent les parents à pratiquer ce "modèle" d’éducation, notamment le fait "d’avoir subi, eux-mêmes, la VEO étant enfants" ou encore "de croire aux vertus éducatives de la douleur".

Prendre du recul face à ses émotions ou à ses sentiments, est immature à la naissance et met plusieurs années à se développer
Les députés contre la VEO

"Les neurosciences montrent que le cerveau cognitif, qui permet de raisonner, de faire face à ses émotions, d’analyser une situation, de prendre du recul face à ses émotions ou à ses sentiments, est immature à la naissance et met plusieurs années à se développer", expliquent encore les parlementaires. Puis d'ajouter : "ce n’est pas donc pas une correction ou une punition corporelle qui pourrait y remédier et faire durablement changer le comportement d’un enfant." 

"La violence subie au sein de la famille apprend à l’enfant que l’on règle les conflits par la violence et par le rapport de force", soulignent les députés.

Modifier le Code civil

Les députés évoquent aussi une situation "confuse et paradoxale". En effet, détaillent-ils, en droit français, "toute violence physique commise sur un adulte constitue une agression illégale". Or elle est tolérée sur les enfants sous couvert d’un "droit de correction". Et c'est justement cette appellation qui pose problème. "En tolérant les violences 'légères' et à titre éducatif', elle contredit les dispositions du Code Pénal", alertent les élus qui souhaitent modifier un article du Code civil en y précisant que "les enfants ont le droit à une éducation sans violence". 

"Aucun des titulaires de l’autorité parentale n’a le droit d’user de violence physique, d’infliger des punitions corporelles ou châtiments corporels, des souffrances morales, ou toute autre forme d’humiliation envers son enfant." Selon une ONG spécialiste de la question, 53 pays ont interdit la VEO. Parmi eux : l’Espagne, le Portugal, l’Irlande, le Danemark, le Brésil, la Bolivie, l’Argentine, ou encore le Pérou. Reste à savoir si la France les rejoindra.


La rédaction de TF1info

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