Grève à la SNCF : faut-il envier le statut des cheminots ?

Publié le 26 avril 2016 à 13h44
Grève à la SNCF : faut-il envier le statut des cheminots ?

SNCF - Les cheminots sont de nouveau en grève mardi, alors qu'ils sont en pleines négociations sur une harmonisation de leurs conditions de travail avec les agents du secteur ferroviaire privé. Zoom sur les privilèges des agents de la SNCF, qui ne sont pas toujours, contrairement aux idées reçues, à envier à ceux du privé.

C’est leur troisième grève en huit semaines. Un cheminot sur deux (selon les syndicats) de la SNCF ne travaille pas mardi, entraînant de fortes perturbations sur la circulation des trains jusqu'à mercredi matin. Les syndicats espèrent ainsi peser sur les négociations qui sont en cours sur leurs conditions de travail.

Ces négociations doivent aboutir à une harmonisation des règles de travail entre le secteur ferroviaire privé et la SNCF, afin de mieux aborder l’ ouverture à la concurrence. Alors que les cheminots sont souvent critiqués pour leur statut, qu’en est-il réellement ? Les 150.000 agents de la SNCF sont-ils de privilégiés ?

Un statut à double tranchant 

Le statut des agents de la SNCF les met à l’abri d’un licenciement économique , fixe les rémunérations, les avancements de carrières, les congés annuels et organise un régime spécial de sécurité sociale et de retraite.

Mais avant d’acquérir ce statut cher aux cheminots, il faut réussir une longue période d’essai, qui peut aller jusqu’à deux ans et demi pour les cadres. Il faut également être Français ou ressortissant européen et avoir moins de 30 ans. Passé cet âge, la SNCF recrute en contrat de droit privé – les contractuels représentaient 8% des effectifs en 2014.

Les avantages en nature 

Tous les agents, au statut et contractuels, ainsi que les retraités, ont droit à des "facilités de circulation", c'est-à-dire des billets gratuits ou à prix très réduits pour eux-mêmes et leurs proches. La belle-mère d'un cheminot a par exemple droit à 4 billets gratuits par an.

Autre avantage pour les salariés : plusieurs dizaines de milliers de logements mis à disposition, dont une partie à loyer social.

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Des disparités de salaires

Un cheminot est rémunéré en moyenne 3.090 euros brut mensuel, pour un temps complet. Un chiffre très proche du salaire mensuel moyen des Français, dans le privé comme dans le public, qui était de 2.912 euros selon l’Insee en 2013.

Mais il existe de fortes disparités de salaires en fonction des postes : un garde-barrière touche environ 1.864 euros brut, un agent de conduite de TER gagne 2.623 euros, et jusqu'à 8.993 euros pour les cadres supérieurs en contrats privés. Plus de 60% des cheminots touchent moins de 3.000 euros bruts. 

Des jours de repos variables

Les cheminots ont 28 jours de congés payés (les cinq semaines légales et trois jours supplémentaires dont deux au titre de la règle de fractionnement des congés, automatiquement appliquée par le groupe) et 10 jours fériés. Ils ont aussi des RTT ou repos complémentaires, en nombre variable selon leur activité.

Ainsi, les personnels administratifs ont 10 RTT. Mais les personnels roulants et agents travaillant de nuit, soumis à d'importantes contraintes pour assurer un service 7 jours sur 7, bénéficient respectivement de 22 et 28 jours. Les roulants n'ont que 12 repos samedi-dimanche garantis par an. Toutefois, en 2010, la Cour des comptes affirmait que les durées réelles de travail des roulants étaient très inférieures aux durées théoriques.

Une retraite dans la moyenne

Les cheminots touchaient en moyenne en 2013 une pension mensuelle brute de 1.940 euros, supérieure à la retraite moyenne des salariés du privé au régime général ayant eu des carrières complètes (1.760 euros). Leur pension avoisine celle des fonctionnaires d'Etat (2.015 euros) mais est inférieure à celles d'autres régimes spéciaux (2.230 euros pour les retraités de la RATP).

L'âge moyen de départ en retraite des cheminots était, en 2015, de 53 ans pour les agents de conduite et 57 ans pour les autres. Il recule d'année en année sous l'effet de l'alignement progressif de leur régime spécial. Mais, pour les agents nés après 1962, progressivement, l'âge d'ouverture des droits va être décalé à 57 ans (52 ans pour les agents de conduite nés après 1967) et la durée de cotisation portée à 172 trimestres (43 ans) pour toucher une pension à taux plein.

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La rédaction de TF1info

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