HOMOPHOBIE - En réaction aux propos du pape qui recommande (entre autres) la psychiatrie aux enfants homosexuels, un hashtag a vu le jour ce mardi 28 août sur Twitter. #NiPapeNiPsychiatre lui répond de la meilleure des manières : puissante et adorable.
Le hashtag qui rend heureux. Ce mardi 28 août, le réseau social à l'oiseau bleu a vu éclore son petit dernier : #nipapenipsychiatre. Preuve de son succès, ce mot-dièse s'est hissé en quelques heures (et malgré une actualité autrement chargée en politique par ailleurs) en "Tendance France". A l'origine ? Une réaction d'Alice Coffin, militante féministe et LGBT, aux propos controversés tenus par le pape François, la veille.
Celui-ci, dans un discours où il demandait d'abord de "ne pas condamner" son enfant homosexuel mais plutôt de "dialoguer, comprendre, donner une place au fils ou à la fille", a lâché une phrase qui a résonné dans le monde entier : "Quand cela se manifeste dès l'enfance, il y a beaucoup de choses à faire par la psychiatrie, pour voir comment sont les choses. C'est autre chose quand cela se manifeste après vingt ans" a asséné le chef de l'Eglise. Alice Coffin lui répond, donc, par une photo d'elle-même toute petite, accompagnée de cette légende : "Moi, enfant-à-tendance-homosexuelle, qui ne connut ni pape, ni psychiatre #nipapenipsychiatre".
Moi, Enfant-à-tendances-homosexuelles , qui ne connut ni pape, ni psychiatre. #nipapenipsychiatre pic.twitter.com/4G4jmyjUFK — Alice Coffin (@alicecoffin) August 28, 2018
Et ils sont très nombreux à lui emboîter le pas - dans un pays où les thérapies de conversion ne sont pas encore officiellement interdites - avec humour, émotion et surtout une bonne dose de bouilles mignonnes.
#niPapeNiPsychiatre mais what a look 💁♂️🌈 pic.twitter.com/ZRQnWhR96D — Mathieu Brancourt (@MBrancourt) August 28, 2018
Moi, enfant-à-tendances-homosexuelles et journalope gauchiste avant l'heure #Nipapenipsychiatre pic.twitter.com/C7VIjHs2Zf — Rozenn Le Carboulec (@Roz_N_Roll) August 28, 2018
Moi à deux ans, gouine à képi. Heureuse #nipapenipsychiatre pic.twitter.com/6ZKKbpZA7s — zeinvisible (@zeinvisible) August 28, 2018
Ils n'ont pas le monopole des enfants
Alice Coffin
Des dizaines et des dizaines de réponses, de photos si personnelles ressorties des album-souvenirs pour la bonne cause, qu'Alice Coffin n'attendait pas : "Au départ, j'ai posté cette photo sans penser engendrer un mouvement" explique-t-elle à LCI. "Je pensais simplement que mes amis, sur Instagram, me diraient :'Oh, tu étais mignonne!'' Mais voilà, cela va bien plus loin que ça. Elle poursuit : "Je voulais faire une réponse aux propos du Pape qui soit sous forme de communication positive. Dire à ceux qui attaquent les enfants queer qu'ils n'ont pas le monopole des enfants. Les enfants visés aujourd'hui par le pape ne peuvent pas répondre, mais moi je peux parler au nom de celle que j'étais petite."
@alicecoffin : Bravo pour avoir lancé #nipapenipsychiatre - et je joins ma photo (la petite fille au noeud rouge). Toutefois, étant de 1961, j'ai eu affaire aux psychiatres pour me "guérir" de l'homosexualité à coup de Tranxène. pic.twitter.com/WPd0G1Po8M — Roffinella (@m_roffinella) August 28, 2018
Résultat : un flot d'émotions qui déferle sur les réseaux sociaux "auquel je ne m'attendais pas du tout. Ce sont des photos qui vous font fondre, qui sont trop mignonnes et qui ne montrent pas de colère". Sur Twitter, un réseau social si prompt à l'indignation et aux prises de bec en tout genre, la chose est rare. Alice Coffin analyse : "J'ai posté le hashtag sur Facebook, Instagram et Twitter et des trois plateformes, c'est sur Twitter qu'il fonctionne le mieux. Je trouve que ça démontre bien la dimension politique des revendications LGBT. Et que ça illustre, mieux que jamais, la réalité militante selon laquelle 'le privé est politique'".
#nipapenipsychiatre toutefois mes parents me montrèrent à un médecin peut-être un gynécologue qui leur affirma que j’étais normale, je n’avais pas 10 ans pic.twitter.com/tTiYWToI5I — EmmaAimée📝matricule 5082 (@DocteMaison) August 28, 2018
Lundi 27 août, dans la foulée des propos du pape et du tollé mondial qu'ils ont occasionnés, la salle de presse de Vatican a tenté de rectifier le tir et de présenter le tout comme une maladresse : "Quand le pape se réfère à la psychiatrie", explique-t-on ainsi, "il est clair qu'il cite cela comme un exemple, parmi différentes démarches que les parents peuvent faire. Avec ce mot, il ne voulait pas dire qu'il s'agit d'une 'maladie psychiatrique' mais que cela a peut-être quelque chose à voir avec la psychologie".