Homos : un an après le mariage, la famille pour tous attendra

Publié le 22 avril 2014 à 21h26
Homos : un an après le mariage, la famille pour tous attendra

ANNIVERSAIRE – La loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples homosexuels fête son premier anniversaire ce mercredi. Mais pour eux, fonder une famille reste un combat.

Noces de coton pour le mariage pour tous. Voilà un an jour pour jour que la loi autorisant le mariage aux couples de même sexe a été adoptée, non sans difficultés. Les débats dans l'Hémicycle ont été virulents, les manifestations des opposants ont été nombreuses et quelques propos homophobes ont entaché les discussions. Avant que la France ne devienne finalement le 14e pays au monde à sauter le pas. Les couples de même sexe sont loin d'avoir boudé ce nouveau droit, puisqu'ils sont 7000 à avoir célébré leur union en 2013, selon les derniers chiffres de l'Insee publiés en janvier. Mais si le mariage est maintenant "entré dans les mœurs" comme l'assure à metronews la nouvelle secrétaire d'Etat en charge de ces questions, Laurence Rossignol , la famille pour tous reste encore bien illusoire.

Au-delà du mariage, cette loi a pourtant rendu possible l'adoption pour les couples homosexuels. Mais de nombreux obstacles demeurent. Pour ces nouveaux époux, accueillir un enfant étranger est quasi impossible. "En réalité le mariage a rendu cette procédure encore plus difficile pour les homosexuels, qui pouvaient adopter en étant célibataires mais auxquels la majorité des pays le leur refuse en couple", relève Nathalie Allain-Djerrah, présidente des Enfants d'Arc en Ciel . En effet, soixante-dix pays condamnent encore l'homosexualité. Quant à l'adoption nationale , elle est difficile pour tous les couples, homos ou pas.

L'adoption intra-familiale "humiliante et intrusive"

Même pour ceux qui ont déjà des enfants, l'adoption intra-familiale présente de nombreuses difficultés. "Les avancées juridiques de la loi mariage pour tous sont insuffisantes. La procédure pour adopter l'enfant de son époux/se est longue et complexe, et il y a en plus une inégalité de traitement selon les tribunaux chargés d'accepter l'adoption", déplore Nathalie Allain-Djerrah.

Un couple dont l'un des deux parents veut adopter l'enfant de son conjoint doit en effet se soumettre à une enquête de police et rassembler un important dossier, avant qu'un juge ne tranche. "C'est un investissement puisque nous avons un avocat et nous avons dû payer 300 euros de notaire", explique Isabelle 42 ans qui a lancé avec son épouse Catherine une procédure en octobre dernier. "C'est assez humiliant et très intrusif", regrette-elle. Comme pour les hétérosexuel(le)s, Nathalie Allain-Djerrah demande que ces procédures ne passent plus par la justice.

Des gynécologues "refusent de suivre leurs patientes qui ont eu recours à la PMA"

Enfin, la procréation médicalement assistée (PMA) est certainement le plus gros regret des associations LGBT, qui constatent que la loi pour l'ouvrir aux couples homosexuels a été renvoyée aux calendes grecques. "Il y a une vraie hypocrisie puisque les couples de lesbiennes sont contraintes d'aller à l'étranger pour se faire inséminer mais sont autorisés à élever les enfants en France", s'indigne la présidente d'Arc en Ciel, qui milite pour que "le gouvernement aille jusqu'au bout de sa promesse" et que la PMA soit débattue et adoptée.

Pire, "certains gynécologues refusent de suivre des patientes lesbiennes qui ont eu recours à la PMA", assure Nathalie Allain-Djerrah. Une circulaire leur avait d'ailleurs été envoyée le 14 janvier dernier pour leur rappeler qu'ils risquent amende et prison s'ils adressent leurs patientes à des cliniques pratiquant la PMA. "Mon gynécologue craint une radiation", confirme Isabelle. Si le mariage est devenu réalité, la famille pour tous reste le rêve de nombreux couples homosexuels. Et leur combat.

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La rédaction de TF1info

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