TRANSPARENCE – L’IGPN va se doter prochainement d'un outil de comptabilisation du nombre de personnes blessées ou tuées par des policiers lors d'interventions. Un recensement qui permettra de répondre à "un certain nombre de questions voire même de mises en accusation", selon la patronne du service d’inspection.
Les blessures et décès survenant lors d’interventions policières défrayent régulièrement la chronique. Mais prochainement, ce ne sera plus "la rumeur publique" qui les comptabilisera, a promis Marie-France Monéger-Guyomarc'h. La patronne de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a annoncé mercredi que le service d’inspection serait bientôt doté d'un outil de comptabilisation du nombre de personnes blessées ou tuées par des policiers lors d'interventions.
"Dans une police démocratique, il faut connaître ce genre de chiffres", a déclaré Mme Monéger-Guyomarc'h, en marge de la présentation du bilan d'activité 2016 de l'IGPN. Le recensement inclura des personnes "sur lesquelles on tire lors d'une intervention" en légitimité. Mais aussi "les personnes blessées lors d'un accident ou encore la personne qui décède d'une crise cardiaque dans les geôles".
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Un recensement "au sens large"
Selon Mme Monéger-Guyomarc'h, "c'est un devoir de la police nationale de s'interroger là-dessus". Par ailleurs, "on pourra aussi de temps en temps avoir les arguments pour pouvoir répondre à un certain nombre de questions voire même de mises en accusation", a-t-elle assuré. En février dernier, la police avait notamment été particulièrement écornée après l’éclatement de l’affaire Théo, ce jeune homme d’Aulnay-sous-Bois victime d’une fissure anale à la suite d’une arrestation musclée. Selon lui, l’un des policiers lui aurait volontairement enfoncé une matraque dans l'anus. Une version démentie par le fonctionnaire qui a été mis en examen pour viol.
L’outil de comptabilisation n’est toutefois pas un projet où l’on va séparer ce qui est légitime et ce qui n'est pas légitime", a insisté la patronne de l’IGPN. Le recensement se fera "au sens large", après "on fera des sous-catégories par rapport aux policiers intervenants, aux conditions de l’intervention (...) de manière à pouvoir avoir au bout du bout une vision suffisamment large de la réalité".
Pour les blessés, seront prises en compte "les blessures considérées les plus graves", c'est-à-dire avec dépôt de plainte suivi d'une interruption totale de travail (ITT) de huit jours délivrée par la médecine légale. L’IGPN attend pour le moment le feu vert de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL). Pour un déploiement de l’outil espéré en 2018.