Immigration : Gérald Darmanin demande aux préfets de durcir le ton

ML
Publié le 4 octobre 2021 à 16h57
Immigration : Gérald Darmanin demande aux préfets de durcir le ton
Source : Ludovic MARIN / POOL / AFP

FERMETÉ - Le ministre de l’Intérieur a convoqué l’ensemble des préfets, ce lundi 4 octobre au matin, les appelant à expulser ou limiter les titres de séjour des étrangers en situation irrégulière soupçonnés de radicalisation, en appliquant davantage la loi contre le "séparatisme".

Les contrôles doivent monter d’un cran : c’est la consigne transmise ce lundi 4 octobre au matin par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin aux préfets des départements, selon des informations transmises à LCI. Un appel à la fermeté, après l’adoption définitive de la loi contre le "séparatisme" le 24 août dernier.  

"J’ai réuni ce matin les préfets au ministère de l’Intérieur pour leur donner les orientations du gouvernement concernant la mise en œuvre de la loi confortant les principes de la République et la lutte contre l’immigration illégale", a écrit le ministre dans un tweet publié ce matin.

Le ministre a notamment appelé les préfets à appliquer davantage le texte, en étant intransigeant sur le contrôle des associations, fermeture d’écoles et lieux de culte en cas de soupçon d’opposition à la République. Cette loi controversée, débattue pendant sept mois entre le Palais Bourbon et le Sénat, renforce notamment l’encadrement des écoles hors contrat, se réservant le droit de fermer un établissement en cas de "dérives"

Un article de la loi prévoit notamment que chaque association demandant une subvention devait se plier à un "contrat d’engagement républicain", s’engageant notamment à respecter les principes républicains "de liberté, d’égalité, de fraternité et de dignité de la personne humaine" ainsi que de ne pas porter atteinte à l’ordre public. En août dernier, le Conseil constitutionnel avait en revanche censuré la disposition du texte qui permettait de suspendre les activités d'une association faisant l'objet d'une procédure de dissolution. 

Le ton a également été durci dans le cas des lieux de culte, puisque les associations cultuelles devront notamment se déclarer auprès du préfet tous les cinq ans, qui pourra s’opposer à des dons étrangers ou cession de l’un de ces lieux à un État étranger. 

Expulsion ou retrait des titres de séjour

Sur le volet immigration en particulier, le mot d’ordre est désormais de surveiller davantage les étrangers en situation irrégulière inscrits au FSPRT (fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste) ou commettant des troubles à l’ordre public. Gérald Darmanin aurait avancé des chiffres : pour l’heure, la France compterait 1000 étrangers clandestins auteurs de troubles à l’ordre public qui devraient être expulsés, mais seuls 454 l’ont été pour l’heure, rapporte Europe 1

S’il n’est pas possible de les reconduire, les préfets ont reçu la consigne de refuser ou retirer des titres de séjour. En août dernier, le Conseil constitutionnel avait toutefois censuré la mesure autorisant le retrait, le non-renouvellement ou la non-délivrance des titres de séjour dans la loi contre le "séparatisme".

D’après Europe 1, le ministre a également dressé un bilan en matière de sécurité et d’immigration : depuis octobre 2020, on compte 5 associations islamistes dissoutes, 72 étrangers expulsés pour des motifs terroristes, 6 déchéances de nationalité, 1270 interdictions de présence sur le territoire et une mosquée fermée notamment. Par ailleurs, 173 commerces communautaires ont été ciblés par Gérald Darmanin, qui a demandé aux préfets d’y organiser des contrôles dans les prochaines semaines. 

"Tenir la frontière"

Toujours selon la radio, le ministre s’inquiète de la reprise progressive des déplacements à l’international, à l’heure d’une sortie de crise sanitaire, ainsi que de l’importance de flux de migration clandestins venant du Maghreb jusqu’aux frontières françaises, ayant même demandé aux préfets proches de l’Espagne et de l’Italie de "tenir la frontière". Le retour des talibans au pouvoir en Afghanistan pourraient également provoquer "des vagues migratoires et leurs conséquences en termes de demandes d'asile", a-t-il estimé. 

"L’immigration est un sujet qui préoccupe nos concitoyens, a-t-il déclaré, rapporte Europe 1. Nous sommes particulièrement attendus. Ce sujet est un enjeu majeur pour la prochaine présidentielle." 

Ce virage plus sécuritaire avait déjà été amorcé ces dernières semaines, notamment lorsque le gouvernement a décidé de diminuer drastiquement le nombre de visas accordés aux ressortissants du Maghreb, réduits de moitié pour l’Algérie et le Maroc et de 30% pour la Tunisie. Un durcissement de ton motivé selon lui par la réticence des pays maghrébins à faciliter le retour d’immigrés illégaux sur leur territoire. "Les États maghrébins ne veulent pas revenir à la situation d’avant Covid", a indiqué Gérald Darmanin sur BFMTV le 29 septembre. "C’est pour ça qu’on hausse le ton."

Par ailleurs, "650 personnes soupçonnées de radicalisation" ont été récemment expulsées, a-t-il ajouté, affirmant qu’un tiers des 89 mosquées soupçonnées de radicalisation avaient d’ores et déjà été fermées. Il avait aussi indiqué dans une interview au Figaro le 28 septembre que des procédures avaient été lancées pour fermer six lieux de culte et dissoudre plusieurs associations, tous soupçonnés de promouvoir l'islamisme radical.


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