Incidents lors du match Ajaccio-Le Havre : la polémique prend un tour très politique

Publié le 22 mai 2018 à 22h49
Incidents lors du match Ajaccio-Le Havre : la polémique prend un tour très politique

AFFAIRE D'ETAT - Caillassage, insultes, envahissement de terrain... Alors qu'un conflit s'est ouvert entre l'AC Ajaccio et Le Havre depuis la rencontre houleuse de ligue 2, dimanche, et que le club corse a été suspendu, l'affaire prend un tour très politique. Des élus corses dénoncent "un déferlement de haine anti-corse", pendant que le Premier ministre Edouard Philippe, ancien maire du Havre, s'est dit "consterné".

Un match de foot de ligue 2 qui fait réagir jusqu'au sommet de l'Etat, ce n'est pas banal. Après la décision de la Ligue de football professionnel (LFP) de suspendre l'AC Ajaccio à titre conservatoire, après un match houleux dimanche contre Le Havre dimanche, l'affaire a pris un tour hautement politique ce mardi, faisant réagir jusqu'au Premier ministre Edouard Philippe. 

Petit rappel : lors du match à Ajaccio, déjà reporté de vendredi à dimanche après le caillassage du bus des Havrais, accueillis à coups de "Français de merde" et "sales arabes", des échauffourées entre joueurs et un envahissement de terrain sont venus achever de plomber une ambiance déjà pas très festive. Et ce mardi, le président de l'AC Ajaccio a annoncé son intention de porter plainte pour "appel à la haine raciale" contre son homologue havrais, qui dit avoir reçu un coup de pied dans la tribune présidentielle... De son côté, Le Havre continue de réclamer la victoire "sur tapis vert", estimant que "les conditions de la rencontre n'ont pas permis la garantie du respect de l'équité sportive", ce que la LFP a rejeté. 

"Consterné"

Alors que le procureur de la République d'Ajaccio a ouvert plusieurs enquêtes pour injures à caractère raciste et violences en réunion, Edouard Philippe, qui est, faut-il le rappeler, l'ancien maire du Havre, s'est dit "consterné" lors de son Facebook Live hebdomadaire, tout en évitant de prendre parti. "Comme une immense majorité de Français, j'ai été consterné par ce que j'ai vu. Consterné par l'enchaînement des faits, consterné par la violence et la brutalité de l'arrivée au stade des joueurs havrais vendredi, consterné par la violence, la tension qui a régné aux abords du stade et dans le stade dimanche soir". 

Côté corse, l'affaire s'est également politisée. Les élus locaux dénoncent notamment un "déchaînement" anti-corse depuis le match. Le maire (ex-LR) d'Ajaccio, Laurent Marcangeli, n'a pas hésité à fustiger sur Twitter la décision de la LFP, qui "n'est pas juste et a été rendue sous la pression du tribunal médiatique installé depuis dimanche". "Si des actes de violences ont eu lieu dans les tribunes", estime l'édile, "il faut en apporter la preuve et les sanctionner. Il ne faudrait cependant pas qu'on intente une nouvelle fois un procès généralisé et à charge contre la Corse tout entière." Même revendication pour Gilles Simeoni, le président autonomiste du conseil exécutif de Corse, qui s'en prend au "climat d'hystérie anti-corse" et "aux pressions politiques venues du plus haut niveau de l'Etat" pour peser sur la LFP...

Quant à l'indépendantiste Jean-Guy Talamoni, président de l'Assemblée de Corse, il est allé un peu plus loin, en appelant à "la constitution d'un collectif d'avocats" pour défendre juridiquement la notion de "racisme anti-Corse". 

Bref, le match de ligue 2 n'a pas fini de faire parler de lui. Au point de déclencher une nouvelle crise politique entre l'île et le continent ? On sait seulement qu'Ajaccio jouera bien son match contre Toulouse, mercredi soir... Mais à huis clos, et sur un terrain "neutre", à Montpellier. 


Vincent MICHELON

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