Interdire les prêches en arabe : pourquoi c'est impossible (et inutile)

Publié le 20 novembre 2014 à 14h40
Interdire les prêches en arabe : pourquoi c'est impossible (et inutile)

POLÉMIQUE - Interrogée jeudi 20 novembre sur I>Télé sur la radicalisation des jeunes partant faire le djihad, Marine Le Pen a proposé, comme Jean-François Copé en 2011, d'interdire les prêches en arabe dans les mosquées. Metronews explique pourquoi c'est à la fois inapplicable légalement et symboliquement.

Interdire les prêches en arabe dans les mosquées. L'idée de la présidente du Front national (FN) n'est pas nouvelle. En 2011, Jean-François Copé l'avait déjà proposée lors d'un débat sur la laïcité et l'islam. Et c'est l'ex-ministre de l'intérieur, Claude Guéant, qui lui avait répondu  en personne : "Il est constitutionnellement impossible d'interdire le prêche en arabe, avait-il indiqué. On n'interdit pas les messes en portugais, ou l'hébreu dans les synagogues"

L'arabe, une nécessité autant qu'un moindre mal

La loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat interdit en effet toute intervention des autorités dans les manifestations religieuses. "Personne n'a le droit de réclamer des prêches en français à part les fidèles eux-mêmes", s'indigne auprès de metronews M'hammed Henniche, de l'Union des associations musulmanes de Seine Saint Denis (UAM93).

Par ailleurs, l'arabe fait partie de la tradition musulmane. La lecture de versets du Coran ne peut par exemple se faire que dans la langue sacrée. Il existe également un déficit de formation du personnel religieux. "Souvent, les seuls habilités à faire des prêches parlent mieux arabe", précise M'hammed Henniche.

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La radicalisation des jeunes s'opère hors des mosquées

Si Marine Le Pen estime que des prêches en français éviteraient la radicalisation des jeunes , elle ferait donc fausse route. Michael Dos Santos et Maxime Hauchard, les deux jeunes reconnus sur les vidéos d'exécution de l'Etat islamique, en sont les exemples parfaits. Si Michael fréquentait régulièrement une mosquée de Villiers-sur-Marne, les deux jeunes se sont radicalisés de leur côté , notamment en piochant leurs idées sur Internet.

"Cette idée, c'est du délire, un fantasme", pour M'hammed Henniche. "Les mosquées sont très surveillées, explique-t-il. Si ces jeunes peuvent assister aux prêches du vendredi, ils sont très discrets. Ils parlent de leur projet en petit comité". C'est aussi ce qu'indique le journaliste David Thompson, dans son livre Les Français djihadistes,  Ce dernier a effectué de de longs entretiens avec des jeunes Français candidats au djihad. Tous affirmaient porter le même dégoût pour les mosquées françaises et leur dirigeants, trop proches, selon eux, des autorités françaises. 


La rédaction de TF1info

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