Mettre en œuvre la réforme des retraites avant 2022 serait "une erreur majeure", martèle le numéro 1 de la CFDT

Publié le 7 décembre 2020 à 7h33
Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger
Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger - Source : ERIC FEFERBERG / AFP

SOCIAL - Jugée prioritaire le 29 novembre dernier par Bruno Le Maire, la réforme des retraites n’est pas un sujet "abordable avant 2022 " selon Laurent Berger. Le secrétaire général de la CFDT en appelle à "s’occuper de ce qui est fondamental".

Le gouvernement ferait "une erreur majeure" s’il envisageait d’allonger la durée du travail en 2021, a estimé dimanche 6 décembre Laurent Berger. Selon le secrétaire général de la CFDT, invité sur BFMTV, la réforme des retraites "n'est pas abordable en termes de mesures à prendre avant 2022". Des propos tenus quelques jours après que le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a jugé prioritaire cette réforme, pour rembourser la dette liée à la crise du Covid-19.

"Je le dis et je le re-répète, si en 2021, ce gouvernement envisage un allongement de la durée du travail pour l'ensemble des travailleurs en jouant sur l'âge, la durée de cotisation, etc. il ferait une erreur majeure", a martelé Laurent Berger.

"Si vous voulez une société qui s'hystérise..."

"Ce n'est pas du tout un sujet corrélé à la dette publique, la question des retraites c'est la dette sociale (...) elle est liée au fait qu'il y a eu moins de rentrées cette année", a-t-il estimé. "On ne peut pas dire ‘quoi qu'il en coûte’ et puis après 'les travailleurs, vous allez devoir travailler plus longtemps, c'est ça qui va résoudre le déficit public', non ce n'est pas vrai", a souligné Laurent Berger. Ajoutant : "Si vous voulez une société qui s'hystérise et un sentiment d'injustice profond des travailleurs, vous leur dites au printemps prochain ou à l'automne prochain : 'parce qu'on a subi le virus, il va falloir travailler plus longtemps'".

Le syndicaliste a évoqué pour rembourser la dette liée au coronavirus "une fiscalité plus juste, une contribution plus importante des plus hauts revenus". "Aujourd'hui on a un chômage qui est en train d'exploser, des jeunes qui arrivent sur le marché du travail qui ne trouvent pas d'emploi, et le sujet ce serait de faire travailler plus longtemps ceux qui sont en emploi ? (...) Et bien, bon courage pour l'expliquer !", s'est-il aussi exclamé.

Sujets "artificiels"

Interrogé sur les violences pendant la manifestation samedi à Paris, Laurent Berger a par ailleurs exprimé sa "condamnation sans faille" tout en craignant "qu'on soit complètement à côté de la plaque des sujets qui préoccupent les citoyens" avec le débat sur l'article 24 de la loi Sécurité globale. "Qui a eu cette idée de cet article 24 ? Qui voudrait faire croire que la protection des fonctionnaires dans l'exercice de leurs fonctions est contradictoire avec la liberté de la presse ?", interroge-t-il. "On crée des sujets artificiels. Cet article 24, il faut le retirer et s'occuper de ce qui est fondamental : l'augmentation de la pauvreté, la hausse du chômage, les plans sociaux qui se multiplient" a-t-il dit.

Les déclarations de Bruno Le Maire ont aussi fait réagir au sein même du gouvernement. La ministre du Travail Elisabeth Borne notamment a affirmé que la priorité absolue était, selon elle, "de sortir la crise sanitaire économique, sociale, de protéger les emplois"

Le ministre de l’Economie a finalement précisé ses propos, sur LCI le 1er décembre, qualifiant la réforme des retraites de priorité absolue "le jour où nous engagerons des réformes".


La rédaction de TF1info

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