Lassée des démarches administratives en France, cette réfugiée veut rentrer en Tchétchénie

MIGRANTS – Elina, réfugiée tchétchène en France, bataille depuis plus d'un an avec les autorités pour rester en France. Désormais résignée, elle veut retourner en Tchétchénie malgré les menaces qui pèsent sur elle.
Réfugiée en France, elle préfère désormais rentrer en Tchétchénie, un pays marqué par la corruption et la terreur. Elina a 30 ans, trois enfants, et pensait trouver refuge en France. La jeune femme tchétchène est entrée dans l'Hexagone en octobre 2014, après un passage par la Pologne. Elle a fui son pays natal alors que son mari, policier, a reçu des menaces et a dû se cacher.
Mais la réfugiée, qui s'est confiée à Ouest France vendredi, est aujourd'hui lassée de cette bataille avec les autorités françaises et dit vouloir rentrer dans son pays natal, pourtant dirigé d'une main de fer par son président Ramzan Kadyrov. "La préfecture a gagné, on est amer" déclare Bernard Bulteau, membre de Réseau d'éducation sans frontières, un collectif venu en aide à Elina.
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Une bataille administrative
A son arrivée, Elina a fait une demande d'asile auprès de la préfecture de la région Pays de la Loire, mais elle est refusée, car elle doit normalement faire sa démarche dans le premier pays où elle est arrivée, en Pologne – où elle est restée deux jours. En janvier 2015, alors qu'elle est hébergée au camping avec ses enfants en Vendée, les gendarmes lui notifient un arrêté de réadmission en Pologne et une assignation à résidence de 45 jours. La réfugiée doit pointer chaque jour de la semaine à la gendarmerie.
En février, la police aux frontières vient chercher Elina pour l'expulser, mais ils trouveront porte close : la jeune femme s'est installée chez sa sœur qui vit en Vendée, où elle est de nouveau assignée à résidence. Fatiguée par ce parcours du combattant qui tourne à la chasse à l'homme rapporte Ouest France, Elina fait une demande de retour volontaire en Tchétchénie, avant de se raviser : elle apprend que son mari a été arrêté et emprisonné.
Déclarée en fuite
Alors que la période de pointage à la gendarmerie est passée, la jeune femme ne se présente plus aux autorités et la préfecture la déclare en fuite. Cet été, les gendarmes s'adressent à la sœur d'Elina, qui ne leur ouvre pas. Elle va se voir refuser le renouvellement de son récépissé alors qu'elle vit depuis cinq ans en France. Elle a lancé un recours.
Elina est quant à elle résignée et redemande à partir, malgré la peur de retourner en Tchétchénie. Pour le Réseau éducation sans frontières interviewé par le quotidien régional, "c'est une illustration de la volonté des services de l'Etat de précariser les gens."
Elina est un prénom d'emprunt.
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