Laurent Alexandre : "Les gens soutiendront en majorité le transhumanisme"

Publié le 19 novembre 2014 à 19h01
Laurent Alexandre : "Les gens soutiendront en majorité le transhumanisme"

TECHNOLOGIE - Pour l'auteur de "La défaite du cancer", l'idéologie visant à améliorer sans cesse l'Homme grâce à la technologie sera largement adoptée à l'avenir.

Laurent Alexandre est chirurgien-urologue. Il a fondé le site Doctissimo.fr (revendu depuis à Lagardère) et préside aujourd'hui la société belge DNA Vision , spécialisée dans le séquençage ADN. Auteur de La défaite du cancer (JC Lattès, 2014), il porte un regard critique sur l'idéologie transhumaniste avant son intervention, jeudi, au colloque Transvision .

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Vouloir sans cesse améliorer l'Homme, est-ce une bonne idée ?
Je ne suis pas sûr que l'automobile ou le TGV soient souhaitables, mais c'est le chemin qu'a pris la société. Améliorer notre cerveau ou bidouiller une cellule pour la rendre immortelle ne nous rendra pas plus heureux et ne résoudra aucun problème de fond, mais c'est ce vers quoi on se dirige. Ce n'est qu'une question de temps.

Ne sommes-nous pas déjà "augmentés" ?
Si : prenez la pilule contraceptive, le pacemaker, la prothèse de hanche, le Doliprane ou les lunettes de soleil. Tout cela n'existe pas dans la nature. A vrai dire, le toboggan transhumaniste est pris par la société sans qu'elle s'en rende compte.

Le transhumanisme au service de la justice sociale, vous y croyez ?
Globalement ce n'est pas une idéologie élitiste. Les transhumanistes français mettent l'accent sur la démocratisation des avancées technologiques : la vie éternelle, oui, mais alors pour tout le monde. La seule chose qu'on demandera, c'est d'aller plus vite, comme de trouver tout de suite un traitement à la maladie d'Alzheimer.

Soit dit en passant, c'est une utopie contre laquelle il va être extrêmement difficile de lutter. Qui va aller expliquer que les handicapés doivent rester dans des chaises roulantes ? Qui va dire "c'est mal de vivre longtemps" ? Certaines technologies iront trop loin, mais je pense qu'il y aura à l'avenir une majorité de gens pro-transhumanisme.

Le moment est-il bien choisi pour lancer le débat ?
Oui, la préoccupation augmente dans tous les pays. Il n'y a pas de réels contre-pouvoirs aujourd'hui au développement de ces technologies, et donc pas de vraie réflexion. Il faut pourtant commencer à se demander ce qu'on fera des gens qui ne voudront pas bénéficier de ces améliorations, qui seront minoritaires. Vu les progrès du côté de l'intelligence artificielle, il faudra aussi réfléchir à des solutions pour ne pas être marginalisés par la machine à l'avenir. Mais j'observe une prise de conscience au niveau politique.

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La rédaction de TF1info

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