Le couvre-feu avancé à 18h entraîne-t-il vraiment une cohue dans le métro en fin de journée ?

Publié le 25 janvier 2021 à 18h27
L'impact du couvre-feu avancé ne se traduit pas en moyenne par des hausses massives de fréquentation aux heures de pointe.
L'impact du couvre-feu avancé ne se traduit pas en moyenne par des hausses massives de fréquentation aux heures de pointe. - Source : PHILIPPE LOPEZ / AFP

FRÉQUENTATION - Une vidéo montrant les quais bondés de la ligne 8 du métro à Paris en fin de journée laisse à penser que le couvre-feu avancé entraîne des affluences problématiques aux heures de pointe. Ce que les chiffres ne corroborent pas.

L'abaissement du couvre-feu de 20h à 18h conduit-il à des attroupements massifs dans les couloirs du métro parisien ? C'est ce que suggèrent des images, tournées avec un téléphone portable et partagés sur Facebook. Relayées plusieurs milliers de fois, on y voit un quai de la très fréquentée ligne 8, quelques minutes avant l'heure du couvre-feu. Les passagers sont très nombreux, trop pour pouvoir respecter les distances de sécurité recommandées. "Quelle efficacité remarquable ce couvre-feu", commente ironiquement en légende l'internaute ayant posté cette séquence.

Voici la vidéo en question :

Si les panneaux de la RATP permettent de constater que la scène se déroule bien à un quart d'heure à peine du début du couvre-feu, rien ne permet en apparence de confirmer que les images ont été tournées ces derniers jours. Tout au plus peut-on observer que les tenues chaudes des passagers et leurs masques rendent très plausible le fait que cette vidéo soit récente. Quoi qu'il en soit, LCI a sollicité Île-de-France Mobilités afin de mesurer l'impact de ce couvre-feu renforcé sur le réseau.

Des images qui ne résument pas la situation globale

Le couvre a-t-il conduit à des attroupements plus nombreux aux heures de pointes ? En moyenne, non, assure le syndicat des transports francilien, admettant que "l'on pourra toujours trouver des images montrant qu'à un moment donné, il y a plus de monde que d'ordinaire". Un afflux qui peut tout à fait être lié à un "incident d'exploitation" sur une ligne ou une autre. Il faut noter qu'après "l’annonce du couvre-feu à 18 heures, Île-de-France Mobilités a demandé aux opérateurs, et notamment à la RATP, de surveiller la fréquentation avant l’heure de pointe qui débutait à 16 heures 30 et de prévoir des trains et métros supplémentaires dès 15 heures 30, là où c’est nécessaire, ce qui a été fait".   

En pratique,  Île-de-France Mobilités constate que "sur la base des chiffres de fréquentation du début de semaine", on observe "un léger décalage de l’hyper pointe du soir qui se produit maintenant vers 17 heures 15 / 17 heures 30 au lieu de 18 heures 15 en temps normal (avant Covid)". Fort logiquement, on note "une augmentation de fréquentation d’environ 15 % sur la tranche horaire 16 heures 30 - 18 heures (période où l’offre est au maximum), et une baisse du trafic plus importante après 19 heures". Actuellement, sur l'ensemble du réseau de transport, on compte "moitié moins de monde" par rapport à une période normale ; ce qui permet d'adapter au jour le jour l'offre et de la dimensionner en fonction des besoins des usagers.

"Pas d'effet d'engorgement" selon Île-de-France Mobilités

En ce qui concerne la ligne 8, Île-de-France Mobilités rappelle qu'au début du mois de janvier, alors que le couvre-feu était encore fixé à 20 heures, on observait une baisse majeure du trafic sur le créneau 18 à 20 heures, de l'ordre de -70% par rapport à une période normale. Et depuis, "on n'a pas vu davantage de personnes utiliser les transports en commun pour se déplacer". Si l'heure de pointe est quelque peu avancée, il n'y a pas "pas d'effet d'engorgement"

La réduction du nombre global de voyageur permet de fixer sur le papier un nombre de trains suffisants pour éviter des regroupements massifs. Les plus petites lignes sont bien sûr concernées, tandis que sur celles identifiées comme le plus sous tension (la 13 en particulier), les opérateurs maintiennent un nombre de trains identique à une situation normale.

En conclusion, Île-de-France Mobilités glisse que "la charge maximale reste toujours plus faible que celle que nous observions avant le Covid". À titre d’exemple, "sur le réseau ferré Métro/RER de la RATP lors de l’hyper-pointe (qui dure en général 15/30 minutes) : 180.000 voyageurs avant Covid, 80.000 voyageurs avec un couvre-feu à 20 heures, 100 000 lundi et mardi soir avec le couvre-feu à 18 heures. C’est donc pratiquement la moitié de la fréquentation habituelle." 

Une situation plutôt facile à gérer pour le syndicat de transport, qui explique échanger avec les associations de voyageurs et les administrateurs d’Île-de-France afin d'adapter au mieux l'offre de transport. En ajoutant çà et là des trains lorsque cela est nécessaire, en fonction des besoins et des retours de terrain. 

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Thomas DESZPOT

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