Le débat sur la fin de vie convoqué au procès Bonnemaison

par Maud VALLEREAU
Publié le 10 juin 2014 à 18h27
Le débat sur la fin de vie convoqué au procès Bonnemaison

JUSTICE – A partir de mercredi, le docteur Bonnemaison sera jugé pour l'empoisonnement de sept patients en fin de vie. L'affaire, qui avait éclaté à l'hôpital de Bayonne en 2011, et divise encore la profession, devrait remettre sur la table des discussions le délicat sujet sur la fin de vie.

Le député UMP Jean Leonetti, les anciens ministres Michele Delaunay et Bernard Kouchner, Frédéric Chaussoy le médecin qui avait aidé Vincent Humbert à mourir... Il suffit d'énumérer la liste des personnes appelées à témoigner pour comprendre que le procès qui s'ouvre mercredi devant les assises des Pyrénées-Atlantiques ne sera pas celui d'un seul homme. Si l'ancien docteur Nicolas Bonnemaison est jugé pour l'"empoisonnement" de sept patients en fin de vie, c'est aussi le débat sur l'euthanasie qui est convoqué à la barre.

L'affaire avait éclaté en 2011 après la dénonciation par des infirmières et une aide-soignante de cas "d'euthanasies actives" sur des malades pris en charge par le médecin-urgentiste de l'Unité d'hospitalisation de courte durée de Bayonne. Nicolas Bonnemaison, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, a reconnu avoir utilisé à plusieurs reprises de l'Hypnovel, un puissant psychotrope, et une fois du Norcuron, un anesthésiant interdit en soins palliatifs, afin de "mettre fin à des souffrances extrêmes".

"Pas militant de l'euthanasie"

Durant ce procès hors normes, les failles dans la personnalité du médecin de 53 ans, reconnu par ses pairs comme un professionnel "exigeant" et "compétent", devraient être décortiquées. Des experts psychiatres ont notamment relevé une "hyper-sensibilité à autrui" et des "épisodes dépressifs". S'il se défend d'être un "militant de l'euthanasie", celui qui a consacré sa thèse de doctorat aux "soins palliatifs et à l'accompagnement de fin de vie" semble s'être affranchi des obligations encadrant la loi Leonetti,  (lire ici) , sur le droit au "laisser mourir" : la collégialité de la décision médicale et l'avis des familles. "Le formalisme de la loi n'a peut-être pas toujours été suivi, mais dans certaines situations elle est inapplicable", font valoir ses avocats. Selon eux, leur client était à la tête d'un service "qui était un mouroir".

"Dans le cadre de la fin de vie, on vit des choses fortes avec les familles", glissait au début de l'affaire Nicolas Bonnemaison laissant entendre qu'il aurait reçu un accord tacite : "On sait que ça se fait dans un regard, une poignée de main". Les familles des sept victimes n'ont pas porté plainte contre lui. Une seule s'est constituée partie civile, et deux autres devraient prendre la parole en sa faveur (lire ici). Si son cas divise la communauté médicale, sa radiation de l'ordre des médecins pour violation du code de déontologie avait poussé quelque 250 de ses confrères indignés à adresser une lettre ouverte à François Hollande. Plusieurs fois, le président de la république a promis un projet de loi sur la fin de vie pour pallier le flou autour de la loi actuelle. Mais après plusieurs reports, aucune date concrète n'a été avancée. Ce procès pourrait bien relancer le débat.

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Maud VALLEREAU

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