Le don d'ovocytes, un parcours du combattant tabou : "Mon petit garçon, on l'a fait à trois"

Anaïs Condomines
Publié le 18 septembre 2015 à 20h01
Le don d'ovocytes, un parcours du combattant tabou : "Mon petit garçon, on l'a fait à trois"

UN BEBE A TOUT PRIX – Atteinte d’une endométriose de stade 4, Céline ne pouvait pas avoir d’enfant de manière naturelle. Elle a opté pour le don d’ovocytes, une pratique encore trop méconnue. Un parcours du combattant qu’elle raconte à metronews.

"Mon petit garçon de treize mois, je dis toujours qu’on l’a fait à trois." Pour avoir un bébé, Céline, 34 ans, professeure en collège dans les environs de Marseille, a eu recours au don d’ovocytes. Invariablement, lorsqu’elle évoque sa grossesse, elle se voit rétorquer : "Ah bon ? Mais c’est légal ?" Alors elle témoigne aujourd’hui auprès de metronews, pour dire que oui, le don d’ovocytes est légal en France. Que c’est un parcours difficile, certes, mais encadré par la loi de bioéthique, depuis 2004.

"J’ai toujours senti que j’aurais du mal à avoir des enfants, commence-t-elle. Je vis depuis longtemps avec de violentes douleurs dans le bas ventre". Après des premiers examens, en 2010, Céline apprend qu’elle est atteinte d’endométriose sévère, une maladie gynécologique qui peut provoquer l’infertilité. Parce que ses deux ovaires sont en mauvais état, son gynécologue lui conseille de se tourner vers une FIV (Fécondation In Vitro) pour avoir un enfant. Nouvelle désillusion : "La maladie était tellement étendue que j’étais en insuffisance ovarienne."

Batterie de tests et dépression

Si Céline décide d’avoir un enfant – et elle rêve d’une famille nombreuse – l’ovule ne sera donc pas la sienne. Avec son mari, elle décide alors de se tourner vers la pratique du don d’ovocytes . Qu'est-ce que c'est ? Une histoire de petite graine pas tout à fait comme les autres : une donneuse anonyme et volontaire accepte un prélèvement d’ovocytes, après quelques séances d’injections visant à stimuler les ovaires. La fécondation, avec le sperme du père, peut avoir lieu in vitro. Si elle est réussie, les embryons sont finalement placés dans l’utérus de la maman.

Mais avant d’en arriver là, il faut trouver la perle rare. Une donneuse, qui acceptera de subir une batterie de tests et une opération… sans jamais savoir ce qu’il advient de ses ovocytes. "On ne peut pas choisir ni monnayer la femme qui fera le don pour vous. En revanche, si vous arrivez à convaincre une donneuse de s’inscrire sur les listes de votre département, votre dossier est traité plus vite. C’est donnant-donnant." Malgré tous ses efforts, personne ne répond à son appel. L’année 2013 est marquée pour Céline par une profonde dépression.

"On va donner de la chance"

Et puis au mois de décembre, c’est la délivrance. "Notre tour était arrivé. Finalement, nous avons eu beaucoup de chance. A Marseille, la liste d’attente est d’un an. Partout ailleurs, il faut plutôt compter entre trois et cinq ans." Sur cinq ovocytes fécondés, quatre sont viables, deux sont implantés. Le 24 juillet 2014, un bébé est né.

Mais son couple n’est pas sorti indemne de l’attente et de la douleur d’une mère qui ne peut en être une. Aujourd’hui, Céline et son mari ont divorcé. "Il nous reste deux ovocytes fécondés et viables, congelés. Nous avons décidé d’en faire don à un couple stérile. A notre tour, on va donner de la chance."

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