Groupuscule AFO : la mouvance de l'ultra-droite, une "rhétorique paranoïaque de l'apocalypse"

Publié le 26 juin 2018 à 7h31, mis à jour le 28 juin 2018 à 11h53
Groupuscule AFO : la mouvance de l'ultra-droite, une "rhétorique paranoïaque de l'apocalypse"
Source : Philippe HUGUEN / AFP

TERRORISME - Les dix personnes de la mouvance ultra-droite soupçonnées d'avoir préparé un attentat contre des musulmans en France ont vu leur garde à vue prolongée lundi. Pendant ce temps, on essaie d'y voir un peu plus clair sur cette mouvance grâce au spécialiste Jean-Yves Camus, directeur de l'Observatoire des radicalités politiques.

Gardes à vue prolongées, lundi soir, pour les dix membres du groupuscule "Action des forces opérationnelles" (AFO), soupçonnés d'avoir projeté une attaque terroriste contre des musulmans en France. Un coup de filet, intervenu dans la nuit du samedi au dimanche 24 juin, qui met en lumière un terrorisme islamophobe. Jean-Yves Camus, directeur de l'Observatoire des radicalités politiques (Orap) à la fondation Jean-Jaurès, nous aide à y voir plus clair : 

Un réseau d'extrême-droite qui préparait des attentats démanteléSource : Sujet JT LCI
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LCI : L'AFO, soupçonnée de préparer une attaque terroriste, est présentée comme appartenant à la mouvance ultra-droite. Qu'est-ce qui distingue ce groupuscule de l'extrême droite ? 

Jean-Yves Camus : Il existe une distinction pas forcément scientifiquement avérée entre l'extrême droite, qui affiche tout de même un certain respect de la démocratie, du moins en apparence, et l'ultra-droite qui, elle, entend mettre en oeuvre les moyens d'une conquête par des actions non légales, prétend faire un travail que l'appareil de l'Etat ne ferait pas. 

Clairement, dans ce cas précis, l'appartenance à la mouvance de l'ultra-droite est incontestable. 

Peut-on voir dans leurs projets l'émergence d'un phénomène nouveau ? 

Le site de ce groupuscule a été remis en ligne ce lundi après-midi. Ce qu'on y voit est intéressant et nouveau. Je remarque qu'une des rubriques, par exemple, est dédiée au judaïsme. Cela change un peu la donne parce que jusqu'ici, on pensait que ce groupuscule focalisait son attention sur la communauté musulmane. En fait, au sein de la mouvance ultra-droite, il y a des gens qui ne sont pas nécessairement antisémites, pour qui la question des juifs n'est pas un sujet. Eux vont se concentrer, au choix, sur la théorie du "grand remplacement", ou encore sur la thématique de "l'invasion"... Là, on est face à un groupe plus radical qui pourrait mélanger les deux dimensions en même temps. 

Ce groupuscule faisait de l'entraînement dans des clubs de tir sportifs et avait des caches d'armes et de nourriture. Le survivalisme est-il une constante dans cette mouvance ? 

Il faut bien noter que tous les survivalistes ne sont pas des terroristes : par exemple, aux Etats-Unis, on peut trouver en kiosques cinq ou six revues sur le survivalisme. Mais à l'inverse, dans l'univers de l'ultra-droite, on a une rhétorique paranoïaque de l'apocalypse, selon laquelle la société serait déjà envahie. Bref, une situation qui justifie aux yeux de ses militants une préparation à la lutte armée. 

De combien d'individus parle-t-on en France ? 

Il y a en France plusieurs mouvances qui regroupent une dizaine de personnes chacune. Par exemple, le groupuscule interpellé en octobre 2017 à Marseille et à Aix (qui projetait de tuer Jean-Luc Mélenchon et Christopher Castaner, ndlr) était constitué d'une dizaine de personnes lui aussi. Je dirais qu'on estime à environ un millier le nombre de militants de la mouvance ultra-droite en France. Mais la plupart sont loin d'un passage à l'acte évident. 


La rédaction de TF1info

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