Un maire de l'Oise interpelle les pouvoirs publics en interdisant à ses administrés... de mourir chez eux

par Charlotte ANGLADE
Publié le 19 mai 2017 à 7h48
Un maire de l'Oise interpelle les pouvoirs publics en interdisant à ses administrés... de mourir chez eux

COUP DE POING - Il le dit lui-même, sa dernière décision exécutoire est "stupide". Le maire de Laigneville, dans l'Oise, vient de publier un arrêté municipal interdisant à ses administrés de mourir chez eux. Une façon pour lui de se faire entendre sur la désertification médicale dont souffre sa commune.

Depuis sa publication, cet arrêté a beaucoup fait parler de lui. Le maire de Laigneville, dans l’Oise, a pris la décision mercredi d’interdire aux 4.251 habitants de sa commune de décéder à leur domicile. Un texte sans queue ni tête qui traduit une volonté désespérée de se faire entendre. Le maire Christophe Dietrich souhaite en effet alerter sur le manque de praticiens qualifiés pour constater les décès. 

"Cela fait deux fois en trois semaines que je suis confronté à un décès sur ma commune et on a mis entre 4 et 6 heures à obtenir un médecin pour faire constater le décès", affirme le maire à France Info. "Toute la matinée, l’ARS et le SAMU se sont renvoyés 'la balle' et ce n’est qu’à 12h30 qu’une équipe du SMUR Clermont a été diligentée afin de remplir le document de constat de décès !", complète-t-il dans un post Facebook. 

Une situation qui préfigure selon lui "d’une crise sanitaire que nous n’avions plus connue depuis la fin de la seconde guerre mondiale". À cela s’ajoute une difficulté que connaissent tous les déserts médicaux. Deux des médecins de sa commune partent à la retraite à la fin de l’année, sans personne pour les remplacer.

Dans ce long texte publié sur les réseaux sociaux, Christophe Dietrich qualifie lui-même cet arrêté de "stupide" et d’"inapplicable". Il ne l’a d’ailleurs pas présenté au préfet. "Je n’ai pas d‘autre choix que de prendre cet arrêté absurde pour dénoncer la situation dans laquelle se trouvent nos communes afin d’alerter les pouvoirs publics", conclut-il son appel à l’aide. En 2016, Christophe Dietrich avait déjà fait parler de lui en renvoyant droit à leurs propriétaires les déchets abandonnés dans la ville. "Je ne prends aucun plaisir à en arriver là, c'est même désolant. Mais c'est une façon d'éveiller les consciences", expliquait-il alors.


Charlotte ANGLADE

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