Loi Famille : maman est-elle plus importante que papa ?

Publié le 21 mai 2014 à 18h03

DECRYPTAGE - Alors que la Loi Famille est actuellement débattue à l'Assemblée nationale, le principe de la résidence alternée paritaire pour l'enfant de parents séparés fait débat. Si pour de nombreuses associations et certains psychologues, la mère doit être la figure d'attache principale pour l'enfant, cette idée ne cesse d'être remise en cause.

Entre son père et sa mère, l'enfant a-t-il choisi ? Cette question, qui hante beaucoup de parents et à laquelle de nombreux psychologues et psychiatres ont tenté d'apporter des réponses, ne fait toujours pas consensus. Elle resurgit dans le cadre de la loi Famille actuellement débattue à l'Assemblée nationale . L'occasion de relancer le débat sur l'importance respective de la mère et du père pour la construction de l'enfant.

En cas de séparation du couple, cette loi veut en effet poser pour principe que l'enfant ait une double résidence, chez chacun de ses parents. A charge pour eux de décider ensuite comment partager son temps entre les deux. Une idée qui séduit évidemment les nombreuses associations de pères, qui s'étaient illustrées en montant sur des grues dans le but de se faire entendre. "Ce principe d'égalité est fondamental, c'est ce que nous demandons depuis des années", se félicite auprès de metronews, Jean Latizeau, président national de SOS Papa.

Une figure d'attache, oui... mais pas forcément la mère

A l'inverse, la mesure fait bondir les associations de défense des mères, qui mettent en avant leur rôle "dominant et fondamental pour l'enfant" et craignent que la résidence alterénée paritaire soit rendue obligatoire. "L'enfant vient de son corps à elle, il n'y a pas de doute qu'elle est la figure d'attache première de l'enfant", certifie Carole Lapanouze, présidente de SOS les Mamans . Cette idée, qui veut que la mère soit la figure d'attachement principale de l'enfant, a en effet été théorisée par la psychanalyse jusqu'à ce que d'autres écoles de pensée ne la remettent en cause.

Les travaux du psychologue britannique John Bowlby, qui a développé dans l'après-guerre la "théorie de l'attachement" , nuancent en effet cette exclusivité. "Il a montré que pour se développer correctement, un enfant doit avoir une figure d'attache principale. Mais celle-ci ne doit pas être forcément incarnée par la mère", explique à metronews Gérard Poussin, psychologue et professeur émérite à l’Université de Grenoble . Ce peut donc tout aussi bien être le père, le parent d'adoption, le beau-parent ... Même si, de facto, c'est le plus souvent la mère qui vient naturellement remplir ce rôle.

Dans une pétition envoyée aux députés avant le débat sur la loi Famille, plus de 5.500 psychiatres, psychologues ou professionnels de l’enfance réaffirment l'importance de ce lien d'attachement. Partant de là, ils voient dans la double domiciliation une porte ouverte à une généralisation de la résidence alternée, qui fait selon eux "courir un risque prouvé pour le développement affectif des enfants". "Nous demandons qu'aucun projet de loi allant dans ce sens ne soit voté", écrivent-ils. Le gouvernement, lui, se défend d'imposer une résidence alternée, soulignant qu'il s'agit simplement d'un principe de départ. Aux parents, ensuite, de se mettre d'accord dans le meilleur intérêt de l'enfant.


La rédaction de TF1info

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