Mal-logement : dix millions de personnes en difficulté

Publié le 3 février 2015 à 6h00
 Mal-logement : dix millions de personnes en difficulté

LOGEMENT – La fondation Abbé Pierre vient de publier la 20e édition de son rapport sur le mal-logement. Celuici pointe du doigt l'extrême précarité dans laquelle vivent près de 10 millions de personnes par rapport à leur logement.

"Je repeins chaque année pour cacher les fuites et les moisissures, qui apparaissent dès l'hiver. Même nos vêtements pourrissent dans l'armoire*". Madame T. est mère de deux enfants. Cela fait maintenant quatre ans qu'elle attend un logement et vit, en attendant, dans un appartement insalubre. Comme elle, plus de 3,5 millions de personnes ne disposent pas de logement décent en France. 700 000 n'ont même pas de domicile personnel. Des chiffres qui viennent d'être publiés par la fondation Abbé Pierre, qui publie chaque année un rapport sur le mal-logement.

"Ce qui est inquiétant, c'est que nous assistons à la féminisation et à la "familiarisation" de ces précaires. De plus en plus de femmes et d'enfants se retrouvent en difficulté, voire même à la rue", souligne Patrick Doutreligne, secrétaire général de la Fondation. Autre chiffre préoccupant : 5 millions de personnes sont également considérées comme "fragiles" face à leur logement, confrontées à des prix trop élevés, hébergées chez un tiers ou victimes de la précarité énergétique , La fondation regrette également l'absence de ceux qui échappent aux relevés officiels, comme les habitants des squats ou des bidonvilles. "Ce sont sans doute plus de dix millions de personnes qui subissent les conséquences de la crise du logement" indique le rapport.

Lueur d'espoir

"Le prix des loyers a explosé ces dernières années, alors même que la France est en pleine crise économique !" déplore Patrick Doutreligne. Selon lui, il faudrait que les autorités reviennent d'urgence sur l'encadrement des loyers et qu'elles mettent en place une politique active de construction de nouveaux logements . "Payer des nuits d'hôtel revient bien plus cher que de payer un loyer", note-t-il.

La fondation Abbé Pierre s'appuie sur des chiffres obtenus grâce à des associations partenaires, et aux études réalisées par l'Insee en 2006. "Il faut que l'Insee produise plus d'études sur le sujet, réclame Patrick Doutreligne, le secrétaire général de l'association. Pourquoi le chômage est-il aussi suivi et pas le mal-logement ?"

Mais en ce début d'année morose, marqué par les attentats des 7, 8 et 9 janvier, revêt aussi une lueur d'espoir pour Patrick Doutreligne. "Les événements de ce début d'année ont remis les quartiers au centre des discussions. De nouveau, on parle de l'égalité des chances, se félicite-t-il. La désespérance dans ces quartiers, liée à la crise économique, peut à terme, être dangereuse. N'attendons pas que la machine économique redémarre pour s'occuper des plus faibles !"

* Témoignage recueilli par la Fondation Abbé Pierre

LIRE AUSSI >> En France, la population de SDF a augmenté de 44% en onze ans : quel est leur profil ?


La rédaction de TF1info

Tout
TF1 Info