Maltraitance animale : L214 dénonce les "carences" des services vétérinaires dans un abattoir Bigard

Publié le 28 octobre 2021 à 8h35
Un enquêteur de L214 s'est infiltré dans les services vétérinaires d'un abattoir et dit avoir constaté les "graves carences" des inspections.
Un enquêteur de L214 s'est infiltré dans les services vétérinaires d'un abattoir et dit avoir constaté les "graves carences" des inspections. - Source : Capture d'écran de la vidéo de L214

MALTRAITANCE - Dans un communiqué publié ce jeudi, L214 dénonce les "carences" des services vétérinaires de l'abattoir Bigard de Cuiseaux (Saône-et-Loire). Selon un militant infiltré, les animaux subissent "des souffrances aigües et pourtant évitables".

Thomas Saïdi s'est fait embaucher comme "contrôleur en abattoir" au sein d'une équipe de 15 agents des services vétérinaires officiels de l'abattoir Bigard de Cuiseaux (Saône-et-Loire). Il n'avait pour seule expérience que deux ans en tant qu'"accrocheur de volailles" dans un abattoir, mais s'est pourtant retrouvé seul à contrôler l'abattage rituel au bout d'une semaine. Dans une vidéo L214, association de défense des animaux, où il témoigne à visage découvert, cet infiltré dit avoir constaté les "graves carences" des inspections face aux "nombreuses infractions à la réglementation". 

Il raconte notamment avoir été témoin de nombreuses infractions entraînant "des souffrances aigües et pourtant évitables aux animaux" : des bovins encore conscients après avoir été égorgés, suspendus par une patte sans étourdissement pour soulager leur souffrance, des vaches enfermées dans des enclos exigus sans nourriture pendant 48h, des bêtes gravement blessées - par exemple avec une patte fracturée -, attendant 10 h avant d'être tuées...

L'employé a aussi été témoin de l'aspiration du sang, à des fins de commercialisation, de fœtus de veaux asphyxiés dans le ventre de leur mère fraîchement abattue - prouvant ainsi le transport illégal de bovins arrivés à terme de leur gestation.

Le manque de personnel au cœur du problème

Les infractions ne sont pas contrôlées, voire se produisent devant les agents des services vétérinaires "sans déclencher aucune réaction" en raison du manque de personnel, selon L214. "Il n'y a pas assez de personnel, c'est vrai que si on doit suivre le règlement, il faut qu'on regarde tous les animaux au moment de l'abattage, mais ce n'est pas ce qu'on fait dans la réalité", avoue le vétérinaire officiel de l'abattoir pendant l'enquête de L214.

À l'abattoir de Cuiseaux, 500 bovins sont tués chaque jour, rapporte l'association. Selon elle, l'abattage rituel, qui concerne environ 150 bovins, n’est contrôlé que pour 5 à 10 bovins par jour. L’abattage standard (avec étourdissement) n’est tout bonnement pas contrôlé par les services d'inspection. In fine, seuls 1 à 2% des abattages sont contrôlés, affirme L214.

Interrogé, le ministère de l'Agriculture a promis "une enquête approfondie des pratiques de cet abattoir" et une "inspection complète de l'établissement" dès jeudi. "Le ministre Julien Denormandie prendra toutes les mesures, et notamment les sanctions, qui s'imposent", a ajouté le ministère.

Le groupe Bigard (marques Bigard, Socopa, Charal), leader de la viande bovine en France et en Europe, s'est refusé à tout commentaire.


La rédaction de TF1info

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