Masque obligatoire pour les enfants de 6 ans dans transports et lieux publics : quels impacts et quels conseils ?

Publié le 4 janvier 2022 à 19h18, mis à jour le 5 janvier 2022 à 14h44

Source : JT 13h Semaine

OBLIGATION - Pour lutter contre la contagiosité du variant Omicron, depuis le 3 janvier, les enfants de plus de 6 ans devront porter un masque dans les transports et certains lieux publics. Une mesure qui n'est pas sans conséquence sur les plus jeunes.

Ils le portaient déjà à l'école, mais depuis ce lundi 3 janvier, les enfants de plus de six ans devront aussi mettre un masque dans de nombreux lieux clos recevant du public, dont les transports, ainsi que dans la rue si le préfet le décide. Jusque-là réservée aux plus de 11 ans, cette obligation, valable au moins jusqu'au 23 janvier, a pour but de freiner la circulation du virus, particulièrement forte chez les élèves du primaire.

Pour autant, les professionnels de santé ne sont pas unanimes sur l’efficacité de cette mesure. "Je rappelle que l'explosion de l'épidémie est intervenue pendant que les écoles étaient fermées (...). Les enfants n'y ont joué aucun rôle", affirmait ainsi dimanche le pédiatre Robert Cohen sur Europe 1. Tandis que le docteur Anne Piollet, secrétaire générale du Syndicat national des pédiatres est "un peu horrifiée" qu'on impose à cette classe d'âge de mettre le masque en extérieur. 

Interrogée par LCI, elle estime que "ça ne sert pas à grand-chose de le mettre dehors, dans les espaces aérés". "Pour les enfants, on n'en a franchement pas besoin. Ils l'ont assez toute la journée à l'école. C'est difficile pour eux, notamment les enfants porteurs de handicap, de ne pas voir les mimiques de leurs copains. Cela devient plus une surcharge qu'un bénéfice", dit-elle. 

Divers malaises

Cette mesure semble par ailleurs engendrer certains troubles. Le fait que les enfants doivent mettre le masque ailleurs qu’à l’école peut les gêner davantage, poursuit le pédiatre Robert Cohen : "Si un enfant a une otite séreuse ou des difficultés d’apprentissage, on accentue les difficultés par le masque". Une étude publiée en juin 2021 par l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA), sur près de 3000 questionnaires remplis par les parents, atteste en effet de divers malaises que les jeunes enfants subissent lorsqu’ils portent un masque. Selon les parents, les principaux symptômes ou changements de comportement attribués au masque étaient les maux de tête (49%), les difficultés d’élocution (45%), les changements d’humeur (45,2%) et les gênes respiratoires (28,1%). 

De plus, les spécialistes de la petite enfance ont pointé une perte massive d’informations essentielles non verbales du fait que la moitié du visage est masqué. Sachant que ce moyen de communication est important chez les jeunes enfants. Ce que confirme le psychologue Jean-Luc Aubert, fondateur de la chaîne Youtube Questions de psy, auprès de LCI : "Les émotions ne passent pas seulement par le regard, mais aussi par les gestes, par le sourire, par le visage d'une façon générale. Les émoticônes symbolisent bien cela : les expressions passent uniquement par la bouche. Les yeux peuvent ne pas bouger, mais suivant la forme de la bouche, on sait très bien ce qu'ils représentent. Pour les enfants, le visage n'est pas qu'une simple partie du corps, c'est aussi leur lien à l'autre", explique-t-il.

Conséquences psychologiques

Les médecins insistent donc pour qu’on n'impose pas trop longtemps le port du masque pour les 6-11 ans. "D'autant que sur le plan médical, on sait que le risque pour les enfants est limité. Alors que cette mesure va avoir un impact à long terme sur leurs relations sociales, car le masque d'une façon générale déshumanise, avance Jean-Luc Aubert. Cela va empêcher les plus petits d'avoir des interactions avec les autres les faisant passer à côté d'un apprentissage nécessaire. Ne pas suffisamment saisir l'importance des expressions, des émotions aura forcément des répercussions sur le plan affectif. C'est une information en moins qui peut pénaliser les plus fragiles. Mais on n'a pas suffisamment de recul pour savoir de quelle façon", poursuit-il. 

Pour Jean-Luc Aubert, cette mesure est surtout sociétale et sert essentiellement à protéger les adultes et non les enfants. "On leur demande d'une certaine façon d'avoir une attitude empathique", souligne-t-il. Alors pour mieux faire passer la pilule, le psychologue conseille aux parents de "bien expliquer ce qui va se passer aux tout-petits même s'ils voient des masques autour d'eux ; de leur dire que s'ils doivent se couvrir une partie du visage, c'est avant tout pour protéger les autres ; et enfin de les mettre en perspective en leur disant qu'heureusement cela ne va pas durer". 


Virginie FAUROUX

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