Menacée d’expulsion en France et de prison dans son pays, une Nigériane homosexuelle obtient un sursis

Publié le 20 août 2015 à 14h04
Menacée d’expulsion en France et de prison dans son pays, une Nigériane homosexuelle obtient un sursis

DISCRIMINATION - Elita, Nigériane en situation irrégulière, était sous la menace d’une expulsion du territoire français. Or, en raison de son homosexualité, elle risque jusqu’à dix ans de prison dans son pays d’origine. Mercredi soir, elle a obtenu l’assurance de pouvoir rester au moins six mois en France.

C’est une bouffée d’oxygène, un soulagement après des semaines passées dans l’incertitude. Mercredi soir, Elita, Nigériane de 26 ans, a reçu la nouvelle qu’elle attendait tant. Pour des raisons de santé, son expulsion du territoire français ne pourra pas intervenir avant six mois. "Des éléments nouveaux ont été produits par le médecin de l'Agence régionale de santé Aquitaine [...] recommandant de ne pas éloigner Mme Elita Omalichaogo Edeh du territoire français, pour lui permettre de bénéficier de soins en France", a précisé la préfecture des Pyrénées-Atlantiques dans un communiqué.

L’histoire de la jeune femme bascule en avril dernier, à Enugu, ville située dans le sud-est du Nigeria. Elle se trouve alors avec sa compagne Mary, et deux autres amies, homosexuelles également, quand des voisins entrent dans la maison. Ils se ruent sur elles et les frappent, raconte-t-elle à Sud Ouest . Elita parvient à s’échapper, mais Mary est entraînée dans la rue, aspergée d’essence et brûlée vive. Les deux autres femmes échappent à la mort grâce à l’intervention de la police, mais se retrouvent derrière les barreaux. Au Nigeria, l’homosexualité est un crime passible de peines pouvant atteindre dix ans de réclusion .

Les Etats-Unis pour but

Elita se résout à fuir son pays . Laissant derrière elle famille, amis et une situation professionnelle appréciable. "C'était la première fois que je quittais mon pays. J'y vivais bien. Je vendais des habits, des chaussures, des bijoux. J'avais un appartement. J'étais indépendante", explique-t-elle au quotidien régional. De Lagos, la plus grande ville du pays, elle rejoint la Guinée équatoriale puis, après avoir transité par Paris, atterrit à New York. Mais l’immigration américaine lui interdit l’entrée sur son sol. "Je ne pouvais pas justifier de nuits d'hôtel réservées. C'est obligatoire là-bas, précise la jeune femme. Ils m'ont renvoyée vers l'aéroport d'où j'arrivais."

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Retour en France, donc. Mais Elita n’a pas de titre de séjour et se retrouve placée en zone d’attente avant un renvoi vers le Nigeria. "Le juge des libertés a décidé de la laisser libre, avec huit jours pour quitter le territoire, complète Francisco Sanchez-Rodriguez, défenseur des étrangers retenus et juriste pour la Cimade (qui vient en aide aux migrants, réfugiés et demandeurs d'asile). Elle voulait se rendre en Espagne pour y demander asile." Son voyage prend fin dans le Pays basque lors d'un contrôle en gare d'Hendaye.

Intervention de dernière minute

Le 24 juillet, Elita est placée au centre de rétention administrative de la ville et menacée d’expulsion par un arrêté préfectoral. Mais la jeune femme ne baisse pas les bras. Aidée notamment par la Cimade, elle engage des recours sur tous les fronts : cour d’appel de Bordeaux, Cour européenne des droits de l’homme, office français pour la protection des réfugiés et apatrides . En vain.

Finalement, mercredi soir, alors qu’elle devait s’envoler ce jeudi matin pour Lagos, le préfet des Pyrénées-Atlantiques décide, "à titre humanitaire, de ne pas exécuter la mesure d’éloignement et de lever le placement en rétention". Une décision salutaire pour la jeune femme dont l’état de santé avait été jugé "incompatible avec l’éloignement" par une expertise psychiatrique . Elita est libre, et va pouvoir faire une demande de titre de séjour provisoire d’au moins six mois pour raisons de santé. Loin des persécutions.
 


La rédaction de TF1info

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