"Merci pour l’invit’" : la réponse des SDF aux anti-migrants

Anaïs Condomines
Publié le 21 septembre 2015 à 16h43
 "Merci pour l’invit’" : la réponse des SDF aux anti-migrants

CHICHE – En réaction à ceux qui se servent des sans-abri français pour refuser l’accueil des migrants, un collectif leur propose d’héberger un SDF, au moins une nuit par an. D’abord satirique, le projet prend de l’ampleur.

C’est devenu la réponse préférée des jamais contents. Ceux qui s’insurgent de l’accueil des migrants en France. Ceux-là même qui, sur les forums de discussion ou dans les commentaires des sites d’information (chez metronews aussi, on vous voit !), dégainent ce qu’ils pensent être l’argument ultime : "Accueillir des migrants en France ? Pas question ! Occupons-nous d’abord des sans-abri bien de chez nous !"

Et bien, chers internautes, ces sans-abri bien français ont pris votre discours au pied de la lettre. Le 11 septembre, avec l’aide d’un musicien bordelais, ils ont créé le collectif "Merci pour l’invit’", sous forme de page Facebook rapidement devenue virale. Et vous lancent un pari : "Chiche, cette année, j’accueille un sans-abri, au moins un soir".

Marre de la récupération

Metronews a contacté Pascal Pistone, ce professeur de musique à l’origine du projet. "A Bordeaux, je discutais avec quelques sans-abri de l’arrivée des migrants. Ils m’ont dit : 'on en a marre d’être instrumentalisés, récupérés par les rageux'". Leur réponse, chargée d'ironie, ne se fait pas attendre . Ce qu’il se passe ensuite, ils ne l’avaient pas prévu. "En une semaine, notre page a été partagée 40.000 fois. Et nous avons reçu de nombreux messages de personnes voulant ‘prendre leur part’, ce que nous n’imaginions pas une seule seconde."

Capture d'écran Facebook

Du coup, le projet, d’abord potache et critique des discours qui hiérarchisent la misère, devient plus sérieux. "Nous sommes en contact avec un développeur pour créer une application qui mettrait en contact les SDF et des hébergeants volontaires. Une sorte de Meetic solidaire… Ce que l’Etat ne parvient pas à prendre en charge, peut-être les citoyens le peuvent-ils. D’après nos calculs, si 10% des Français accueillent un SDF trois nuits par an, il n’y aurait plus personne, toute origine confondue, à la rue." Une démarche qui laisse songeur. Et vous, prêts à passer à l’acte ?

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Anaïs Condomines

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