Vague de froid "Moscou-Paris" : quel est ce phénomène qui va nous congeler la semaine prochaine ?

Guillaume WOZNICA
Publié le 23 février 2018 à 10h44, mis à jour le 24 février 2018 à 17h59

Source : Sujet JT LCI

MÉTÉO - La semaine prochaine, il va faire froid, très froid, bien plus que les températures moyennes habituelles de fin février. Paradoxalement, cette vague glaciale provient en fait d’un réchauffement de l’atmosphère. Explications.

Dans un pays comme la France, et plus globalement en Europe de l'ouest, notre climat à tendance océanique nous préserve des hivers rigoureux, grâce à la douceur de l'océan apportée par un flux d'ouest dominant. Toutefois, il n'exclut pas non plus quelques incursions du froid par le nord et plus rarement par l'est... Et c'est ce qui va donc se produire la semaine prochaine avec une circulation inversée, de l'est de l'Europe vers l'ouest du continent. 

Pour comprendre l'origine de cette vague de froid, il faut prendre de la hauteur, autour de 15 000 à 20 000 mètres d'altitude (10 à 20 km). Nous sommes alors dans la stratosphère, cette couche atmosphérique qui se situe juste au-dessus de la troposphère, là où nous vivons. A cette altitude, les températures avoisinent généralement -60°C. Or depuis une dizaine de jours, un important réchauffement (jusqu'à 40°C gagnés !) s'est produit dans cette couche de l'atmosphère : il s’agit d’un réchauffement stratosphérique. Cela n'est pas rare même si une telle situation ne se produit pas tous les hivers. 

Conséquence de cette brutale hausse des températures en altitude : la circulation atmosphérique est perturbée dans une grande partie de l'hémisphère nord. L'air froid vad désormais s'accumuler près du sol tout en s'étendant sur de larges superficies et dans le cas présent, sur une grande partie du continent européen. Cet air froid va être piloté par un puissant anticyclone qui va se développer sur le nord de la Scandinavie, générant alors un flux d'est à nord-est, soit un flux inversé par rapport à celui qui nous concerne habituellement... Voilà pourquoi les météorologues le qualifient de "Moscou-Paris" !

Attention à la bise

La dernière situation de ce type remonte au mois de février 2012 où une vague de froid intense et durable avait touché la quasi-totalité du continent européen pendant près de deux semaines. Les températures s'étaient alors abaissées jusqu'à -14°C dans de nombreuses régions françaises. Autre paramètre important : si cet anticyclone, responsable du flux d'est à nord-est, apporte un temps généralement sec et ensoleillé, il est également responsable de ce petit vent d'est-nord-est soufflant jusqu'à 30-40 voire 50 km/h en rafales : c'est la bise ! 

Et elle s'annonce glaciale puisqu'elle va nettement amplifier la sensation de froid : c'est ce que l'on appelle la température ressentie. Ainsi, si les températures relevées sous abri seront souvent comprises entre -12 et -6°C en plaine entre lundi et mercredi prochains, la valeur réellement ressentie par l'organisme en étant exposé à la bise sera plutôt de l'ordre de -16 à -10 ! Et même jusqu'à -25 dans les Alpes ! 

Jamais aussi froid fin février depuis 1971 !

Cette situation sera également propice aux journées sans dégel, entre lundi et mercredi, dans un large quart nord-est avec des maximales sous abri entre -4 et 0°C et des températures ressenties l'après-midi encore proches de -10, en Lorraine notamment ! Si les températures sous abri ne devraient pas battre de records tout en s'en approchant, la situation est tout de même assez rare à cette époque de l'année et les températures ressenties s'annoncent remarquables. 

Sur les 21 vagues de froid recensées depuis l'après-guerre, seules 3 ont eu lieu après la mi-février, dont une seule à la fin février et au début du mois de mars, c'était en 1971 ! Peut-être pas exceptionnel donc mais peu fréquent quand même...


Guillaume WOZNICA

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