Mgr Michel Aupetit "victime d'une cabale" : retour sur l'affaire qui a poussé l'archevêque de Paris à la démission

Publié le 14 décembre 2021 à 13h40, mis à jour le 14 décembre 2021 à 13h50

Source : TF1 Info

RELIGION - Fin novembre, l'archevêque de Paris Mgr Michel Aupetit était accusé dans la presse d'avoir entretenu une relation avec une femme. Depuis, celui dont la démission a été acceptée par le Pape se dit "victime d'une cabale".

"Comportement ambigu" avec une femme ou "cabale" ? Il aura fallu moins de semaines au pape François pour trancher dans l'affaire de Mgr Michel Aupetit. L'archevêque de Paris a quitté son poste le 2 décembre. En cause : une relation intime qu'il aurait, selon Le Point, entretenu avec une femme. Ce que le principal intéressé dément. Retour sur un scandale au sommet de l'Église catholique de France.

Une "relation intime" dévoilée dans la presse

Tout débute le 22 novembre quand, sur son site internet, Le Point affirme que l'archevêque avait eu en 2012 une relation intime et consentie avec une femme. L'hebdomadaire fait référence à un courriel qu'il aurait envoyé par erreur et qui ne laisserait pas de doute sur la relation entretenue. Interrogé, Mgr Aupetit nie les faits présumés : "Je reconnais que mon comportement vis-à-vis d'elle a pu être ambigu, laissant ainsi sous-entendre l'existence entre nous d'une relation intime et de rapports sexuels, ce que je réfute avec force". Il ne s'agissait "pas d'une relation amoureuse" ni d'une "relation sexuelle", assure dans la foulée le diocèse. "Il s'en était ouvert à sa hiérarchie à l'époque".

Une démission envoyée au Vatican

Moins d'une semaine après les révélations du Point, Mgr Aupetit présente sa démission au pape. Il ne s'agit pas "d'un aveu de culpabilité mais un geste d'humilité, une mise à disposition", souligne alors le diocèse, lequel ajoute que l'archevêque fait ce geste "parce qu'il comprend qu'il puisse y avoir un trouble chez les catholiques du diocèse".

"Ce n'est pas en raison de ce que j'aurais dû faire ou pas par le passé - sinon je serais parti depuis longtemps - mais pour éviter la division, si moi-même je suis source de divisions", a précisé Mgr Aupetit à La Croix.

La réponse du pape

En théorie, le pape dispose de plusieurs semaines pour répondre, le temps pour lui d'examiner et d'évaluer les raisons qui poussent un prélat à vouloir "remettre sa charge". Il peut refuser la demande. François avait ainsi d'abord opposé une fin de non-recevoir au cardinal Philippe Barbarin, mis en cause pour ses silences sur les agressions sexuelles d'un ancien prêtre. Mais pour Michel Aupetit, nommé en décembre 2017 et médecin généraliste en région parisienne pendant onze ans avant d'entrer dans la prêtrise, François décide d'aller vite

Le 2 décembre, le souverain pontife tranche. "Quand la rumeur grandit, grandit, grandit et atteint la réputation d'un homme, celui-ci ne peut plus gouverner (...) Et c'est une injustice. C'est pourquoi j’ai accepté la démission de Mgr Aupetit, non pas sur l’autel de la vérité mais sur celui de l'hypocrisie", déclare aux journalistes le pape à bord de l'avion au retour d'un voyage en Grèce.

Le pape reconnait néanmoins "un manquement" de la part de Mgr Aupetit "au sixième commandement" ("Tu ne commettras pas d'adultère", ndlr), "pas total mais des petites caresses et des massages qu'il faisait à sa secrétaire". "Ça, c'est un péché. Mais ce n'est pas le péché le plus grave car les péchés de la chair ne sont pas les plus graves. (...) Ainsi, Mgr Aupetit est pécheur. Comme je le suis, comme l'a été Pierre, l'évêque sur lequel le Christ a fondé son Église", a-t-il déclaré.

Paris Match relance la polémique

Le 8 décembre, Paris Match publie des photos de l'archevêque en compagnie d'une théologienne belge, Laetitia Calmeyn. "Cela n’a rien à voir avec une relation d’amour ou une relation sexuelle. C’est une amitié (...) Je trouve ignoble qu'on la salisse", répond Michel Aupetit quelques jours plus tard. Il raconte avoir déjeuné avec elle dans un petit bistrot avant de se promener en sa compagnie en forêt de Meudon. "Si vous ne pouvez plus manger avec une amie sans qu’un paparazzi vous photographie, dans quel monde vit-on ?"

Quid des massages, évoqués par le pape en personne ? "Il n’y a pas eu de liaison. Une fois, cette personne a eu mal au dos. Je lui ai fait un massage pour la soulager. Je rappelle que je suis médecin", précise-t-il. Avant d'ajouter : "Je crois qu'il (le pape, ndlr) a un peu mélangé les éléments de l'histoire. Ma pauvre secrétaire n'a rien à voir avec tout cela. Je connais bien son mari et sa famille. J'ai baptisé ses petits-enfants". 

Interrogé au cours de son entretien au Parisien afin de savoir s'il avait le sentiment d'être victime d'une cabale, Mgr Aupetit, qui devrait prochainement porter plainte, répond "oui".  "On m’a désigné des gens, des réseaux qui m’en voulaient et qui ont agi. Mais je n’ai aucune preuve. J’ai prié Dieu de ne pas mettre de l’amertume dans mon cœur et j’ai prié pour ceux qui me veulent du mal".


Thomas GUIEN

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