Mohamed Elshikh, le sans-papiers blessé lors de l'assaut de Saint-Denis, a été régularisé

Publié le 20 avril 2016 à 13h30

ATTENTATS DE PARIS - Gravement blessé par la police lors de l'assaut de Saint-Denis le 18 novembre, Mohamed Elshikh a obtenu un titre de séjour d'un an pour rester en France. Une victoire qu'il doit au soutien incontestable de plusieurs internautes indignés par son histoire.

Mohamed Elshikh est une victime collatérale de l’assaut du Raid à Saint-Denis. Dans la nuit du 18 novembre 2015, alors qu’il dort, cet Egyptien de 26 ans en situation irrégulière est réveillé en sursaut par des explosions. Gravement blessé par balle au bras gauche par les policiers postés en face de son immeuble, avant de rester retranché dans les toilettes avec son colocataire Noufel pendant six heures, Mohamed Elshikh, a finalement obtenu un titre de séjour d’un an le 16 avril. 

Un geste de l’Etat dû à la mobilisation de nombreux internautes indignés par l’histoire de ce sans-papiers, qui a fini par perdre l’usage de son bras et ne peut plus travailler. Bouleversée par le témoignage de ce rescapé de Saint-Denis sur France Culture, une développeuse informatique, Emmanuelle, a raconté le parcours de Mohamed Elshikh dans une bande-dessinée, qu’elle a ensuite publiée il y a quelques jours sur les réseaux sociaux. Comme le raconte Rue 89 , la BD retrace l’assaut de Saint-Denis vécu depuis l’appartement de Mohamed et Noufel.

Le récit du rescapé de l’assaut Saint-Denis

En ce 18 novembre 2015, le climat est tendu. Seulement cinq jours ont passé depuis les attentats et certains terroristes courent toujours. Lorsqu’il entend les explosions à 4 heures, Mohamed court à la fenêtre pour voir ce qui se passe, raconte la bande-dessinée. Sur ordre des policiers postés dans l'immeuble d’en face, il ouvre sa deuxième fenêtre. Là, un policier lui tire dessus. Alors qu’il perd beaucoup de sang, Mohamed s’abrite avec son colocataire dans les toilettes de son appartement. Ce soir-là, plus de 200 cartouches sont tirées entre les policiers et les terroristes.

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A 10 heures, les agents entrent de force dans l'appartement, braquent Mohamed et Noufel, leur retirent pantalon et sous-vêtements avec leurs pieds, avant de les faire sortir dans la rue pour les fouiller. Hospitalisé rapidement, Mohamed est menotté au lit de sa chambre par le bras et la jambe. Il est interrogé pendant quatre jours. Finalement innocenté, Mohamed sort de l’hôpital et retrouve son ami. Depuis, ils vivent au Campanile dans une chambre de 10m2 parce que seules quelques familles de l’immeuble ravagé ont été relogées. Mohamed, ancien peintre en bâtiment, ne peut plus travailler à cause de son bras.

"Suite à l’assaut, l’immeuble est devenu inhabitable. Seules six familles ont été relogées, sur 50. Les habitants sont traumatisés. Les enfants dorment habillés de peur de devoir sortir pendant la nuit. Les quelques copropriétaires continuent de payer les traites d’un immeuble détruit et n’ont pas les moyens de se reloger", conclut Emmanuelle. "Je ne comprends pas comment l’Etat peut traiter des êtres humains de cette manière et prétendre encore nous représenter", s’indigne la développeuse informatique auprès de Rue 89. "Il y avait déjà 500 partages (sur Facebook, ndlr). Après quatre jours on arrive à 5.000 partages".

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La rédaction de TF1info

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