Moi, cheminot en grève (Ep.6) : "On se cotisera, on ne laissera personne sur le côté de la route"

Anaïs Condomines
Publié le 15 mai 2018 à 21h33

Source : JT 13h Semaine

CARNET DE BORD - Depuis le début du mouvement des cheminots, LCI suit Wladimir, un conducteur de train en grève. Dans l'épisode 6, il nous raconte comment se maintient le moral des troupes sur la longueur.

L'heure est au rassemblement de la base. Histoire de jauger le moral des troupes, les syndicats de cheminots ont lancé, pour la semaine du 14 mai, une vot'action, sorte de consultation interne, avec cette question : "Pour ou contre le pacte ferroviaire porté par le gouvernement ?" Wladimir, conducteur de trains en grève que nous suivons depuis le début du mouvement, y a participé depuis Bordeaux, où il a récemment déménagé. 

"Je suis confiant", nous dit-il, à propos de l'issue du référendum. "Ils sont rares les cheminots, même non-grévistes, qui sont d'accord avec le gouvernement." Autrement dit, selon lui, le pourcentage de grévistes n'est pas un bon indicateur du nombre de mécontents.

Mais alors que la grève atteint sa septième semaine et que les négociations entre syndicat et gouvernement, de leur côté, patinent, les salariés mobilisés entrent dans le dur. Ils ont montré, selon les mots des syndicats, "un sursaut de mobilisation" lors du lundi 14 mai, journée "sans cheminots et sans trains". Pour Wladimir, l'enjeu actuel est donc à la mobilisation des collègues au jour le jour.

"Sur Trappes (où Wladimir travaille et milite, ndlr), nous avons fait une petite manifestation dans la ville, étendu une banderole au dessus de la Nationale 10. Ces actions sont importantes pour garder le cap", explique-t-il. Et resserrer les liens entre grévistes. "On accueille les nouveaux et on encourage ceux qui commencent à faiblir. La grève perlée, elle est faite pour ça aussi : permettre à certains de se mettre en grève pendant deux jours puis rejoindre le mouvement seulement à la séquence suivante."

Quand on parle de famille cheminote, c'est pas par hasard !"
Wladimir

Reste que lors des assemblées générales, les doléances peuvent commencer à se faire entendre. C'est là que, pour notre cheminot, le collectif a son rôle à jouer. "On rassure ceux qui commencent à avoir du mal financièrement. Ce qui est certain, c'est qu'on les aidera, on se cotisera, on ne laissera personne qui veut continuer le mouvement sur le côté de la route." Même si son salaire a diminué depuis le début de la grève, (Wladimir estime à 80 euros par jour de grève sa perte de revenus, comme il nous l'expliquait dans l'épisode précédent), est-il donc prêt à mettre quand-même la main à la poche ? "Bien sûr !" nous répond-t-il. "Quand on parle de famille cheminote, c'est pas par hasard !" Un sentiment "d'autant plus fort en cette période".

Et pour se motiver soi-même ? Il reste Internet ! "Même si parfois on se sent seul dans son coin, même si on va aux AG, à l'ère des réseaux sociaux on entre rapidement en contact avec d'autres fédérations, et alors on se sent moins isolé", indique le conducteur de trains. Car il faut tenir sur la longueur, la grève étant reconductible jusqu'au 28 juin.


Anaïs Condomines

Tout
TF1 Info