Mort de Naomi Musenga : quel est le rôle des assistants de régulation médicale du Samu ?

FOCUS - L'histoire de Naomi Musenga, décédée à l'hôpital après avoir été moquée par le Samu, scandalise jusqu'à la ministre de la Santé. Mais comment a-t-on pu en arriver à une telle (mauvaise) prise en charge par la personne qui a recueilli l'appel ? Éléments de réponse avec François Braun, le président de Samu-Urgences de France (SUdF).
Il ne veut pas voir une profession entière entachée par un scandale. François Braun, président du SUdF (Samu-Urgences de France), se montre "choqué, scandalisé, profondément peiné" par l'histoire de Naomi, cette Strasbourgeoise décédée en décembre dernier car mal orientée par le SAMU. Mais tout comme Patrick Pelloux, président quant à lui de l'AMUF (Association des médecins urgentistes de France), il affirme à LCI : la prise en charge glaçante de cette patiente de 22 ans est "un cas isolé", issue "d'un comportement déviant".
Mais alors que les appels sur la plateforme du Samu sont en augmentation - 24,5 millions en 2016 contre 21,7 millions en 2013 selon le ministère de la Santé -, François Braun le reconnaît : "Le Samu a besoin de se moderniser. Il y a encore beaucoup de choses à faire."
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Une succession de dysfonctionnements
À commencer, selon lui, par "limiter les étapes". "D'après l'enregistrement, l'appel de la jeune femme venait des pompiers, puis a été transmis au Samu. Déjà, on voit qu'il y a une étape en trop. Il faut que les gens appellent directement le Samu. D'ailleurs, on entend bien que dans cette affaire, il y a une succession de dysfonctionnements avant même la prise en charge du Samu."
Et François Braun d'analyser, à partir de la bande son, comment une telle situation a pu se produire. "L'agent qui prend l'appel de Naomi est une assistante de régulation médicale (AMR, ndlr). Ces personnes ne sont pas des médecins. Elles doivent recueillir l'adresse, poser une ou deux questions, pas plus, et ensuite rediriger l'appel vers le médecin régulateur. Mais dans cette affaire, le problème, c'est que l'appel n'a pas été transmis à ce médecin."
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Pas de formation diplômante pour être AMR
Selon le président de Samu-Urgences de France, il conviendrait donc de mieux former ces agents. "Pour l'heure, ils sont formés pendant un an au lycée ou par le Samu, mais il s'agit dans ce cas d'une formation non diplômante" indique-t-il. En 2016, un rapport sénatorial proposait de "mettre en place une formation initiale obligatoire et standardisée d'au moins deux ans, incluant des périodes de stage et sanctionnée par un diplôme qualifiant pour l'exercice de la profession d'assistant de régulation médicale". Aujourd'hui, François Braun regrette que ce rapport n'ait pas été suivi d'effets.
Sur le site du ministère de la Santé, il est indiqué que le niveau bac ou équivalent est suffisant pour exercer cette profession d'assistant de régulation médicale, décrite comme "le 1er maillon de la chaîne de secours pré-hospitaliers". Sa fonction est d'accueillir, écouter et analyser "chaque appel dans les plus brefs délais". Pour un salaire de 1785 euros en fin de carrière.
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