Mort de Zineb Redouane à Marseille : pas de sanction administrative pour le CRS mis en cause

Publié le 30 octobre 2021 à 12h42
PHOTO D'ILLUSTRATION | Un CRS à Marseille lors d'une manifestation Gilets Jaunes, le 26 janvier 2019
PHOTO D'ILLUSTRATION | Un CRS à Marseille lors d'une manifestation Gilets Jaunes, le 26 janvier 2019 - Source : AFP

CONSÉQUENCES - Après la mort d'une octogénaire en 2018 à Marseille, après le tir de grenade lacrymogène d'un CRS lors d'une manifestation de Gilets jaunes, l'IGPN recommandait son renvoi devant le conseil de discipline. Mais à la place, il devra effectuer "un stage".

Près de deux ans après la mort de Zineb Redouane, le CRS mis en cause connait sa sanction : selon une source proche du dossier à l'AFP, il ne sera pas renvoyé en conseil de discipline, sur décision du patron de la police nationale, mais devra effectuer un "un stage" pour se faire "rappeler les consignes en vigueur sur l'emploi des moyens de défense". Le policier qui supervisait le CRS au moment du tir devra également s'y soumettre.

Zineb Redouane, 80 ans, est décédée le 2 décembre 2018 à l'hôpital, 24 heures après avoir été touchée de plein fouet par une grenade lacrymogène tirée par la police, tandis qu'elle fermait une fenêtre de son appartement dans le centre-ville, où des manifestations de Gilets jaunes se déroulaient.

La même source a précisé, confirmant une information de France Inter, que le directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux, a décidé de ne pas suivre l'avis de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) qui préconisait, dans les conclusions de son enquête administrative, un renvoi devant le conseil de discipline.

Dans son rapport transmis le 20 mai, l'IGPN a estimé que le CRS avait bien réalisé un tir réglementaire sans viser délibérément la victime, mais avait manqué à "l'obligation de discernement par une action manifestement inadaptée", selon la source proche du dossier. En effet, le lance-grenades du CRS avait une portée de 100 mètres tandis que l'immeuble de Zineb Redouane se situait à une trentaine de mètres.

Le DGPN a notamment pris en la "fatigue" et le "manque de visibilité"

Le DGPN, qui a statué en juillet, a tenu compte dans sa décision de la "fatigue", du "manque de visibilité", de la "tension" et de "la nécessité légalement établie de tirer", mentionnés dans le rapport IGPN, pour dispenser le CRS d'une sanction disciplinaire, selon la source proche. Le policier qui supervisait le CRS au moment du tir, pour lequel l'IGPN recommandait aussi un passage en conseil de discipline, y échappe également.

L'enquête administrative a été versée à l'information judiciaire, dépaysée à Lyon et toujours en cours. La justice n'a communiqué sur aucune éventuelle mise en examen jusqu'à présent.

Un rapport d'expertise remis en mai 2020 dans le cadre de l'information judiciaire avait conclu que le tir policier avait été effectué dans les règles - en cloche - et avait atteint la victime accidentellement. Une contre-expertise indépendante, publiée fin 2020, avait conclu au contraire à un tir tendu, pratique interdite face à un immeuble d'habitation.


La rédaction de TF1info

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