Najat Vallaud-Belkacem a-t-elle signé un accord pour permettre l'enseignement de l'arabe en primaire ?

FACTCHECKING - Plusieurs médias évoquent un accord signé avec la Tunisie permettant l'apprentissage de l'arabe dans les écoles primaires françaises. Pourtant, prudence : il s'agit en fait de l'actualisation d'un partenariat déjà existant au sujet de cours facultatifs de langues étrangères.

Attention, sujet sensible. Le 31 mars dernier, la ministre de l’Education Najat Vallaud-Belkacem rencontrait son homologue en Tunisie. Un échange qui a donné lieu à un article dans le journal local Business News, dont le titre "Néji Jalloul et Najat Vallaud-Belkacem signent un accord pour enseigner l’arabe dans les écoles françaises", a été pris, en France, au pied de la lettre par le site de Valeurs Actuelles.
Très vite, l'information fait le tour des sites marqués très à droite et, souvent, se retrouve mal interprétée. Sur Dreuz.Info, par exemple, on déplore "une mesure" qui "risque de défigurer l'école républicaine française". Et dans les commentaires répondant à cette information, nombreux sont les internautes qui semblent penser que l'enseignement de l'arabe sera désormais obligatoire en primaire, voire qu'il passerait "avant la maîtrise de la langue française".
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Après les ELCO, un nouvel accord
La réalité est bien moins sensationnelle. L'objet de cette visite en Tunisie, et de l'accord signé à cette occasion, est en fait une remise au goût du jour des Enseignements de langue et de culture d'origine, les fameux ELCO. Souvent critiqués, parfois objets de polémiques dans les communes où des maires ont préféré refuser l'accès des intervenants aux salles de classe, ces modules prendront fin après 2018. Et seront remplacés par les EILE, des Enseignements internationaux de langue étrangère.
C'est en tout cas ce qu'a expliqué à CrossCheck un porte-parole du ministère de l'Education nationale : "Les ELCO ont été très vite décriés pour plusieurs raisons : les enseignements étaient réservés aux enfants des immigrés, les enseignants ne faisaient pas partie de l'équipe pédagogique et parfois, l'enseignement de la langue devenait un enseignement religieux." D'où la nécessité de signer, avec les pays partenaires, un nouvel accord visant à officialiser la mutation des ELCO, en EILE.
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Des enseignants désormais inspectés
Après le Portugal, la Tunisie est le second pays à avoir renouvelé cette convention avec la France. Concrètement, ça changera quoi ? Les enseignants, dans le cadre des modules EILE, seront toujours nommés par le pays partenaire. Mais désormais, ils seront intégrés à l'équipe pédagogique de l'école et seront inspectés. Ces cours, par ailleurs, demeureront entièrement facultatifs. On est bien loin, donc, d'une nouvelle mesure qui imposerait l'arabe en primaire.
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