Vers la fin des cheminots recrutés sous statut : "On touche à la culture ferroviaire française"

Publié le 1 avril 2018 à 17h47, mis à jour le 1 avril 2018 à 18h06
Vers la fin des cheminots recrutés sous statut : "On touche à la culture ferroviaire française"

INTERVIEW - La réforme de la SNCF, et notamment la fin des embauches sous statut cheminot, est à l'origine du mouvement de mobilisation actuelle et de la grève reconductible qui débute le 3 avril. L'historien Michel Pigenet, professeur émérite à l'Université Paris 1 et spécialiste des mouvements sociaux, explique à LCI ce bouleversement annoncé.

En présentant le 26 février la réforme presque copernicienne de la SNCF, et notamment la fin des embauches sous statut des cheminots, Edouard Philippe a jeté un pavé dans la mare fin. Dénonçant un "statut particulièrement rigide", le Premier ministre veut que les "nouvelles générations [...]" bénéficient désormais "des conditions de travail de tous les Français, celles du Code du travail. [...] A l'avenir, il n'y aura plus de recrutement au statut." Une décision qui ne passe auprès des syndicats et qui, après la mobilisation du 22 mars, est à l'origine de la grève reconductible qui commence le 3 avril.

L'annonce du gouvernement suivait la remise du rapport Spinetta, le 15 février, lequel préconisait, en plus de la fin de ce statut, un plan de départs volontaires, la fermeture des lignes les moins rentables ou encore la transformation de filiales en sociétés anonymes à capitaux publics... Des mesures susceptibles de bouleverser plus d'un siècle d'histoire ferroviaire et sociale en France. 

C'est ce qu'avait expliqué à LCI, au moment de la publication du rapport, l'historien Michel Pigenet, professeur émérite à Paris 1, chercheur au Centre d'histoire sociale du XXe siècle et auteur, notamment, de l'Histoire des mouvements sociaux en France de 1814 à nos jours (La Découverte/Poche), dont nous vous republions l'interview.

Edouard Philippe a cependant pris soin de préciser qu'il ne suivrait pas le rapport Spinetta sur l'ensemble de ses préconisations. Ainsi, la "réforme des petites lignes" voulue par l'ancien PDG d'Air France n'a pas été prise en compte par le gouvernement : "Je ne crois pas qu'on puisse décider de la fermeture de 9000 km de lignes depuis Paris sur des critères administratifs et financiers".  

Quoi qu'il en soit, l'épreuve de force est désormais entamée avec le gouvernement.


Vincent MICHELON

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