Omar, 24 ans : échouer au bac et quitter l'école, "ce n'est pas la fin du monde"

Publié le 13 octobre 2015 à 20h46
Omar, 24 ans : échouer au bac et quitter l'école, "ce n'est pas la fin du monde"

TÉMOIGNAGE – Une étude publiée mardi par le ministère de l'Education nationale révèle que la moitié des recalés du bac en 2013 ne se sont pas présentés aux épreuves l'année suivante. Omar, 24 ans, nous raconte pourquoi, en 2009, lui aussi a ainsi décidé de dire adieu au système scolaire.

Il fait partie de ce qu'on appelle les "décrocheurs", ces élèves qui sortent sans diplôme en poche du système scolaire et qui inquiètent l'Education nationale. Mais Omar, 24 ans, l'assume sans complexe. Alors qu'une étude publiée mardi par la rue de Grenelle révèle qu'en 2013, la moitié des 83.000 recalés au bac a fait le choix de ne pas retenter sa chance l'année suivante, le jeune homme se souvient de "la démotivation" qu'il avait ressenti en 2009 lorsqu'à 18 ans, lui aussi avait raté le fameux examen et décidé de quitter pour de bon les bancs du lycée.

Admis au rattrapage - qu'il n'est pas allé passer - avec une moyenne supérieure à 9, Omar aurait pourtant eu toutes les chances de réussir son bac littéraire l'année suivante. "Mais même si je n'étais pas mauvais élève, cela faisait longtemps que l'école me 'gavait', raconte-t-il : je voulais tout de suite entrer dans la vie active !"  Se réinscrire pour une année supplémentaire, non merci : après avoir déjà redoublé sa seconde - un facteur supplémentaire de décrochage après l'échec au bac d'après l'étude du ministère -, le lycéen ne se voyait pas revenir en classe avec des élèves âgés de deux ans de moins que lui. D'autant que l'ambiance de son établissement de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a selon lui joué dans son "découragement" : "C'était n'importe quoi, les profs passaient leur temps à dire aux élèves d'arrêter de parler et j'avais l'impression qu'il n'y avait pas de cours". S'inscrire en candidat libre, "sans encadrement et sans professeur", lui paraissait également "trop compliqué".

"Il y a plein d'autres options"

Même s'il a dû définitivement faire une croix sur son rêve de devenir pilote dans l'armée de l'air - mais il envisage de passer prochainement le concours de la gendarmerie -, cet habitant de Drancy assure aujourd'hui ne pas regretter ce choix d'avoir quitter l'école pour s'orienter tout de suite vers la restauration, le métier de son père. "Dès l'année d'après, souligne-t-il, plusieurs élèves de ma classe qui avaient eu le bac avaient déjà arrêté les cours à la fac parce qu'ils trouvaient cela trop dur, trop long. Le système est compliqué pour tout le monde : même si vous avez le bac, comment faites-vous pour vous gérer et payer votre loyer pendant trois, quatre, cinq années d'études ?".

Aujourd'hui ses parents, qui lui ont toujours dit "fais ce que tu veux tant que tu le fais bien", sont "plutôt fiers" de ce fils qui gère une équipe de quatre livreurs dans un restaurant. "J'ai un boulot, je gagne plutôt bien ma vie, j'ai un appartement, je suis en train de passer le permis moto, énumère Omar. Ne pas avoir son bac, ce n'est pas la fin du monde : il y a plein d'autres options". Pour lui au moins car, rappelons-le, il reste plus difficile d'intégrer le marché du travail lorsque l'on a pas de diplôme : le taux de chômage est alors trois fois plus élevé que chez les personnes qui disposent d’un niveau bac + 2, montrait une étude de l'Insee en 2013.

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Gilles DANIEL

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