"On ne se taira plus" : quand le mouvement #MeToo passe de Twitter à la rue

Anaïs Condomines
Publié le 29 octobre 2017 à 19h11, mis à jour le 29 octobre 2017 à 20h00
"On ne se taira plus" : quand le mouvement #MeToo passe de Twitter à la rue

RASSEMBLEMENT - Ce dimanche 29 octobre dans plusieurs villes en France avait lieu le rassemblement "#metoo dans la vraie vie". Le but : faire "descendre" un hashtag dans la rue et transférer la mobilisation sur internet sur le pavé pour parler des violences faites aux femmes.

Faire descendre un hashtag dans la rue. Tel était le pari du rassemblement "#metoo dans la vraie vie", qui s’est tenu ce dimanche 29 octobre après-midi sur la place de la République à Paris, mais aussi dans d’autres grandes villes de France. Au lendemain du scandale Weinstein qui a ébranlé Hollywood et bien au-delà, vous avez sûrement dû voir passer sur les réseaux sociaux les mots-dièses #metoo et #balancetonporc. Devenus symboles de la libération de la parole des femmes victimes de violences, d’agressions ou de harcèlement sexuel, ils ont aujourd’hui trouvé une résonance plus concrète : à Paris, plusieurs centaines de personnes ont fait le déplacement, malgré le temps pluvieux.

C’est le cas de Laetitia et Baïne, étudiantes de 23 ans. Leur pancarte diffuse ce message au-dessus de leur tête : " We are powerful" ("Nous sommes puissantes "). Pour elles, il était capital aujourd’hui de faire nombre : "On veut montrer qu’on est nombreuses à avoir subi la même chose, que les victimes d’agressions sexistes ne sont pas isolées. C’est important pour qu’elles puissent parler. D’ailleurs, c’est ce qu’on souhaite rappeler : qu’on ne se taira plus."

Il y a une quantité de femmes isolées dans leur douleur
Carol Galand

Libérer la parole. Sur les réseaux sociaux ou dans la rue, le but est le même : mettre fin à une impunité qui se nourrit de silence résigné. Surtout, en déplaçant les foules sur la place publique, les manifestants et manifestantes espèrent toucher ceux qui n’auraient pas vu la révolution se bâtir en douce, sur internet. C’est ce qu’explique Carol Galand, journaliste indépendante et organisatrice du rassemblement : "Toutes les générations ne sont pas sur les réseaux sociaux. Il y a une quantité de femmes qui sont isolées dans leur douleur, qui ont vécu des agressions importantes, voire des viols et qui n’ont pas été reconnues en tant que victime. Aujourd’hui, elles ont besoin de se mobiliser ensemble, pour trouver le courage de libérer leur parole. "

Et si les deux mille personnes inscrites sur l’événement Facebook ne sont finalement pas venues - peut-être découragées par le crachin parisien - il y avait tout de même de quoi faire sur la place de la République ce dimanche. Atelier confection de pancartes, divers concerts, théâtre et mise en situation pour parler des agressions et espace de discussion entre femmes victimes… l’heure était à la mobilisation, mais aussi à la réflexion, pour trouver les moyens de se serrer les coudes ensemble.

Regardez notre reportage en Facebook live au sein du rassemblement #MeToo

Et après ?

C’est ce qu’est venu chercher Lina, 23 ans elle aussi. Elle a été agressée à l’âge de 15 ans : un homme s’est masturbé devant elle. "J’ai rien compris, je suis partie, j’avais peur qu’il me suive. Ensuite, je n’ai pas porté plainte, je ne me souvenais même plus de sa tête !" Mais aujourd’hui, elle espère bien qu’un rassemblement peut aider à sensibiliser sur les violences faites aux femmes. Pour elle, la solution est déjà toute trouvée : "Il faut éduquer les jeunes garçons", nous dit-elle.

Les solutions… c’est la grande question. Que deviendra le mouvement #metoo lorsque la place de la République sera vidée ce dimanche soir, lorsqu’une actualité chargée aura chassé le hashtag des réseaux sociaux ? Nous avons posé la question à Carol Galand : "Et après ? On prend conscience de ces problèmes et on s’y attelle. En tant que femme, il faut qu’on ait la force de s’identifier en tant que victime, de se rassembler, de trouver les informations. Et en tant qu’homme, il faut être un allié vigilant. C’est un problème de société, il ne faut plus qu’il y ait de camaraderie autour de ces questions là. Evidemment que les lois ont un rôle à jouer là-dedans, mais c’est avant-tout un problème de société selon moi…" Par sa puissance sur les réseaux sociaux, le mouvement était déjà parvenu à s’imposer comme un vrai sujet. Aujourd’hui, après ces divers rassemblements en France, il devient difficile de l’ignorer… même si l’on n’est pas connecté.


Anaïs Condomines

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