Orléans : choisie pour incarner Jeanne d'Arc, une jeune métisse victime d'injures racistes

Publié le 22 février 2018 à 16h04, mis à jour le 24 février 2018 à 7h32
Orléans : choisie pour incarner Jeanne d'Arc, une jeune métisse victime d'injures racistes
Source : AFP

RACISME - La désignation d'une jeune métisse pour incarner Jeanne d'Arc aux prochaines festivités annuelles célébrant l'héroïne d'Orléans a déclenché sur les réseaux sociaux un déferlement de commentaires haineux des tenants de la droite identitaire.

C'est un véritable déferlement de haine qu'a subi Mathilde. Tout avait pourtant bien commencé. La jeune fille de 17 ans - qui a des origines béninoises par son père et polonaises par sa mère - a été choisie parmi environ 250 candidates pour être l'incarnation de Jeanne d'Arc lors des fêtes johanniques célébrant chaque année au printemps la victoire, en avril 1429, de la pucelle sur les Anglais qui assiégeaient Orléans.

Un choix qui n'a malheureusement pas plus à tout le monde. Sur des sites internet d'extrême-droite, il est dénoncé notamment comme "une propagande pro-métissage, début d'une tentative de transformer l'histoire en un récit où ce seront les arabes et les noirs qui ont fait l'histoire de France depuis les débuts". Sur le site anti-musulman Résistance républicaine, un commentaire va jusqu'à prédire  "L'an prochain, Jeanne d'Arc sera en burqa". Un déferlement de haine qui a fait réagir jusqu'aux plus hautes fonctions de l'Etat.

La haine raciste de la fachosphère n'a pas sa place dans la République française
Marlène Schiappa

La secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre femmes et hommes, Marlène Schiappa, a ainsi apporté jeudi "tout (son) soutien" à la lycéenne, affirmant que "Jeanne d'Arc n'appartient pas aux identitaires" et "l'histoire de France non plus". "La haine raciste de la fachosphère n'a pas sa place dans la République française", a tweeté la secrétaire d'État.

Bénédicte Baranger, présidente du comité Jeanne d'Arc, déplore la "polémique" et se déclare "triste de penser que ce choix puisse susciter la moindre récupération". La présidente de l'instance qui a décidé de distinguer Mathilde Edey Gamassou a rappelé à l'AFP que "cette jeune fille a été choisie pour ce qu'elle est, une personnalité intéressante et un esprit bien fait".  "Elle répond aux quatre critères de choix que nous nous sommes fixés : résider à Orléans depuis dix ans, être scolarisée dans un lycée orléanais, être catholique et donner du temps aux autres", a-t-elle insisté. "Il n'y a aucune provocation, elle portera notre histoire de France à tous, comme l'ont fait les autres Jeanne avant elle."

Sur Twitter, le maire d'Orléans Olivier Carré (indépendant, ex-LR) a enfoncé le clou : "Mathilde a été choisie par le jury. Seul critère : qu'en 2018 comme depuis 589 ans, le peuple d'Orléans célèbre Jeanne d'Arc par une jeune femme qui évoque son courage, sa foi et sa vision. Mathilde possède toutes ces qualités."

La 589e édition de la célébration de la levée du siège d'Orléans pendant la Guerre de 100 ans se déroulera du 28 avril au 8 mai. Elle sera marquée comme toujours par la chevauchée dans la ville de la jeune fille choisie pour jouer le rôle de la libératrice de la cité, en armure et étendard au poing. 


La rédaction de TF1info

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