MANIFESTATION - Près de 600 sans-abri avaient planté leur tente depuis jeudi 13h place des Vosges sous l'initiative du "Collectif Réquisitions" pour demander des solutions pérennes d'hébergement. Évacués vendredi en début d'après-midi, la plupart ont finalement été mis à l'abri par la mairie de Paris.
Depuis jeudi après-midi, des tentes avaient fait leur apparition sur la très chic place des Vosges à Paris, entre le 3e et le 4e arrondissement. Menée par plusieurs associations comme Utopia56, solidarité migrants Wilson et le DAL, regroupées au sein du "Collectif Réquisitions", cette opération visait à interpeller l'État afin que ses services mettent en place "des solutions d'hébergement dignes et pérennes".
En quelques minutes seulement, 300 tentes avaient été installées sur les pelouses de la place des Vosges, réparties en trois espaces : "familles", "hommes seuls" et "mineurs". Pierre Mathurin, coordinateur d'Utopia56 Paris a justifié le choix du lieu de l'opération. "C'est un lieu touristique. Nous voulons montrer une autre face de Paris. Rendre visibles les invisibles, aussi dans les quartiers chics", a-t-il ainsi expliqué.
600 personnes mises à l'abri, 200 toujours sans solutions selon les associations
"Autour de 600 personnes" ont été dans un premier temps comptabilisées jeudi soir, selon les chiffres communiqués par la mairie. Parmi ces personnes, étaient recensés "des primo-arrivants, des gens légalement présents sur le territoire, globalement un public en grande précarité". Des petit-déjeuners ont été distribués vendredi matin par les services municipaux avant que l'évacuation de la place débute.
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Léa Filoche, l'adjointe à la mairie de Paris, chargée des solidarités, a expliqué que les 600 personnes ont été envoyées en début d'après-midi "vers deux gymnases et le Paris Event Center", une halle d'exposition de la Villette transformée en structure d'accueil d'urgence.
Elle n'a pas manqué également de regretter le manque d'investissement de la part de l'État sur cette question. "On est encore une fois dans une situation d'urgence", s'est désolée l'adjointe d'Anne Hidalgo. "L'État doit trouver des solutions dignes d'hébergement, c'est son travail", a-t-elle expliqué. Une position reprise par Ian Brossat, également adjoint à la mairie de Paris, sur Twitter.
Place des Vosges : alors que la Ville prend ses responsabilités et va au delà de ses compétences, en mobilisant 3 gymnases pour l'hébergement, l'État laisse 200 personnes sans solution et envoie la police les disperser. Qu'attend l'État pour mobiliser ses bâtiments vides ? — Ian Brossat (@IanBrossat) July 30, 2021
Lors de l'évacuation de la place, près de 200 autres personnes, majoritairement des hommes seuls, ont été expulsées dans l'après-midi par de nombreux policiers. Ils ont été séparés en plusieurs groupes et accompagnés par les forces de l'ordre dans une station de métro proche. Les policiers leur ont alors interdit d'en sortir, en les incitant à quitter les lieux sans leur proposer de solutions de relogement.
Place des Vosges, la préfète de Paris, Magalie Charbonnay, vient de nous annoncer que 200 personnes seront laissées à la rue et dispersées par la police. Selon elle, ces personne mentent et ont un abri. La prefecture sera tenu responsable de toutes violences ! pic.twitter.com/GHTywujXTx — Utopia 56 (@Utopia_56) July 30, 2021
Cette opération menée place des Vosges est la 9e action menée du "Collectif Réquisitions". En juin, cette organisation connue pour ses actions coup de poing et des sans-abri avaient occupé le parvis de la mairie de Paris. Mi-novembre, c'était la place de la République, évacuée violemment par les forces de l'ordre.