Paris : contesté, le centre pour SDF du 16e arrondissement officiellement inauguré

INAUGURATION - Critiqué par les riverains et cible de plusieurs tentatives de dégradation ces dernières semaines, le nouveau centre d'accueil pour SDF du 16e arrondissement de Paris a officiellement été inauguré ce samedi.
Ouvert "en toute discrétion car il y a eu un certain nombre de tensions" autour de lui selon Ian Brossat, adjoint PCF à la mairie de Paris chargé de l'hébergement, le nouveau centre d'hébergement d'urgence pour SDF situé dans le 16e arrondissement de Paris a été inauguré ce samedi à midi. Une victoire pour l'élu, qui a en effet dû faire face à l'hostilité d'une partie des riverains, mécontents de voir une telle structure être mise en place à la lisière du bois de Boulogne. "Je suis fier que la ville de Paris ait tenu face à ces oppositions", a ainsi déclaré l'élu en charge de l'hébergement et du logement sur le plateau de LCI.
Du côté des riverains en revanche, le scepticisme semble ne pas avoir disparu. Quitte à trouver des arguments censés décourager les futurs logés de venir s'installer sur place. "On met des pauvres gens à deux pas du boulevard périphérique. Avec le bruit et la pollution, vous imaginez bien que c'est infernal", argumente ainsi au micro de LCI Lionel Lemaire, président de l'association des riverains de Boulogne. Ce dernier en profite également pour relayer "l'inquiétude des parents" pour leurs enfants, liée à la présence d'un centre d'hébergement pour SDF à proximité, qui devrait accueillir à terme 200 personnes. Plusieurs pétitions ont d'ailleurs été lancées, dénonçant une future "'Jungle' de Calais" ou un futur "Sangatte" dans le bois de Boulogne.
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La revue de presse du politique avec Ian Brossat, Adjoint PCF à la mairie de Paris
Pendant ce temps, la "pauvrophobie" gagne du terrain
Témoin du mécontentement d'une partie des habitants du 16e arrondissement, le début d'incendie qui a touché dans la matinée du 17 octobre - journée mondiale de lutte contre la misère - le nouveau centre d'hébergement pour SDF. Un acte malveillant, dénoncé à l'époque avec force par la ministre du Logement et de l'Habitat durable Emmanuelle Cosse. Si pour Ian Brossat, "un pays comme le nôtre doit être capable de permettre à ces gens d'avoir un toit sur la tête", force est de constater que le rejet du pauvre gagne de plus en plus de terrain en France. Car si la "pauvrophobie" a toujours existé chez lez riches comme les catégories modestes, "elle s'exprime plus ouvertement aujourdhui", comme l'écrivait cette semaine Le Monde, alors que "les opposants à ce rejet des pauvres sont plus silencieux, protestent moins souvent".
Ce phénomène de rejet du pauvre par les riverains, les collectivités locales voire les administrations se manifeste de plus en plus violemment eu égard de la multiplication des actes malveillants contre les structures d'accueil ces dernières semaines. Le 24 octobre dernier, le nouveau centre d’accueil et d’orientation destiné à recevoir les migrants en provenance de Calais, à Loubeyrat, dans le Puy-de-Dôme, a ainsi été légerement endommagé. Une semaine plus tôt, c'est le centre du Secours populaire de Montreuil (Seine-Saint-Denis) qui a été ravagé par un incendie, des traces d’effraction et la découverte de deux départs de feu laissant supposer un acte intentionnel. Dans la nuit du 5 au 6 septembre à Forges-les-Bains (Essonne), c'est un centre d’accueil des migrants qui avait été incendié.
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Paris : le centre d’accueil pour SDF a ouvert en toute discrétion dans le 16e
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A travers ces actes, il apparait également clairement une tendance : l'amalgame entre sans-abris et migrants. De fait, parmi les sans-abris, pauvres, étrangers sont confondus. Or les sans-abris sont généralement des familles venues d'Europe de l'Est, ou des personnes ayant vécu une rupture familiale et/ou économique. S'il apparait difficle de comptabiliser avec exactitude les sans-abris, l'INSEE faisait état dans une étude datant de 2012, de 140.000 personnes sans domicile personnel, hébergées dans des centres d'accueil ou logées dans des abris de fortune. A ces personnes sont donc opposées les migrants, qui eux, représentent un cas différent. Les migrants, qui n'ont pas déposé de demandes d'asile doivent ainsi être orientés par les services du ministère de l'Intérieur dans les Centres d'accueil et d'orientation (CAO), qui proposent environ 11.000 places réparties dans toutes la France (hors Corse et Ile-de-France).
C'est ce qui est arrivé, par exemple, aux habitants de la "jungle" de Calais. Cette instauration d'une "concurrence" entre SDF et migrants n'est d'ailleurs pas l'apanage du citoyen lambda puisque des politiciens s'y sont récemment aventuré, à l'instar du secrétaire général du FN Nicolas Bay, qui dénonçait l'ouverture d'un centre de transit à Paris : "Alors que les Français sont toujours plus nombreux à être confrontés à la précarité, que certains sont contraints de dormir dans leur voiture ou même dans la rue – et y meurent parfois ! – il est absolument scandaleux que la maire de Paris Anne Hidalgo utilise l’argent des contribuables pour loger des immigrés illégaux."
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